Un pasteur vous répond

Qu'est-ce qu'une addiction? (Épisode 204)

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Publié le

31 janv. 2020

Dans ce premier épisode d'une série de quatre sur l'addiction, Florent Varak et son invité pour cette série, Daniel Brobeck, définissent ce qu'est une addiction, ses symptômes, ses conséquences. Une entrée en matière assez générale sur ce thème pour nous préparer aux podcasts suivants! Une problématique qui nous touche tous, de près ou de loin. Une série à ne pas manquer!

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Transcription :

"Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance."

PVR 204 : Qu’est-ce qu’une addiction ?

– Florent : Bonjour, à tous, alors je suis heureux d’être accompagné d’un cher ami, Daniel, qui va se présenter, et on va parler pendant 2 ou 3 podcasts des questions d’addiction. Alors comme je ne suis pas un spécialiste de ces questions, si ce n’est ma petite addiction au café, ça va ça ?

– Daniel : C’est pas le plus grand problème qu’on rencontre !

– F : Ouf ! … Et donc on va pouvoir profiter de l’expertise de Daniel. Je te laisse te présenter ?

– D : Oui, je m’appelle Daniel, et je suis médecin addictologue, il y a environ une dizaine d’années ; c’était pas prévu dans mon programme, je suis tombé dans l’addictologie. Au début ça me plaisait pas trop, et puis finalement, j’ai eu beaucoup de bonheur à m’occuper de ces gens qui étaient vraiment prisonniers des produits et des comportements, on en parlera ; et aujourd’hui je peux dire que, avec un regard spirituel, je me rends compte que Dieu m’a donné beaucoup d’amour pour ces gens qui sont vraiment enchaînés, et qui parfois désespérément demandent de l’aide pour s’en sortir.

– F : Alors on va tout de suite mettre les choses au point : on va avoir de l’espoir au travers de ces podcasts ?

– D : Bien sûr, bien sûr !

– F : Donc on va commencer un peu par parler des définitions. C’est quoi une addiction ?

– D : Alors il y a une définition que j’aime beaucoup, c’est : "une obligation de satisfaire un besoin nuisible"

– F : Un besoin nuisible…

– D : Et là tout compte : l’obligation parce que tu as perdu ta liberté ; satisfaire, parce qu’il y a une recherche de satisfaction ; un besoin, parce que tu finis par confondre le produit ou le comportement comme un vrai besoin comme manger, boire, dormir, avoir chaud, avoir froid…

– F : D’accord !

– D : Et nuisible, parce que ça va avoir une répercussion nuisible sur toi, en terme par exemple d’espérance de vie.

– F : Oui, alors ça, c’est très intéressant comme définition, on parle de ‘nuisibilité’. C’est quoi les conséquences d’une addiction ?

– D : Alors dans l’immense majorité des cas, les addictions, surtout avec les produits, vont être des réductrices d’espérance de vie.

– F : OK…

– D : Certains produits sont très agressifs, par exemple si tu deviens accro à l’alcool… Heureusement, si 8% des consommateurs deviennent accros, il y a quand même 92% de gens qui n’ont pas de problème avec l’alcool !

– F : Est-ce que c’est international cette stat’ ?

– D : Non, non, ça c’est la France.

– F : Parce qu’on a aussi des auditeurs en Afrique.

– D : Si tu vas dans des réserves amérindiennes, aux États-Unis, par exemple, tu te rends compte, il y a 35 à 40% ; si tu vas au Groenland, avec les Esquimaux, on est à 55% de dépendance à l’alcool.

– F : D’accord…

– D : Il y a un facteur génétique, il y a quelque chose que nous ne connaissons pas avec précision, qui joue là-dessus. Mais ce qui est sûr, c’est que si tu es dépendant de l’alcool, la diminution de l’espérance de vie est mesurable, et elle est de l’ordre de 20 ans, c’est-à-dire que les alcooliques qui ne sont pas soignés (c’est-à-dire qui n’arrivent pas à s’arrêter), ils ont une diminution d’espérance de vie, ils meurent en général vers 50 ans, alors que M. et Mme ‘Tout le monde’ meurent à 75.

– F : Donc la nuisibilité, là, elle se mesure radicalement.

– D : Tu peux le dire avec le tabac. Le tabac, on a des chiffres alors là beaucoup plus précis encore. Un fumeur versus un non-fumeur, en moyenne il y a 12 ans de vie en moins pour celui qui fume. C’est énorme 12 ans ! Mais bien sûr, il y a quelques contre-exemples, il y a toujours des fumeurs qui vivent vieux, et il y a quelques non-fumeurs qui… mais c’est dire, c’est que les fumeurs se trouvent des excuses en regardant le contre-exemple. Alors je leur dit : "Faut que vous ayez l’habitude de jouer au loto les gars !" ….. Parce que la statistique, elle par contre, c’est qu’on a plutôt l’habitude de perdre dans ce jeu.

– F : Eh oui c’est ça : Oui d’ailleurs on parlait, tout à l’heure, de Winston Churchill, et tu m’as appris quelque chose que je ne savais pas… Churchill il avait beaucoup de cigares dans la bouche.

– D : Il buvait aussi du whisky, etc. A mon avis, il s’est mis à beaucoup boire et à beaucoup fumer vers la fin. Mais au moment où il était bosseur, il fumait très peu, il ne fumait pas semble-t-il, et il n’était pas addict au whisky.

– F : D’accord, ok…

– D : Mais la retraite n’a pas dû lui faire du bien…

– F : D’accord ! Donc là on parle de nuisibilité, en terme de longévité – de vie, sur son espérance de vie. Est-ce qu’il y a d’autres nuisibilités qu’il faut prendre en compte, quand on regarde les conséquences d’une addiction dans une vie ?

– D : Alors bien sûr, l’addiction – qu’elle soit d’ailleurs à produit ou à comportement, elle va avoir une répercussion sur l’ensemble de ta vie. N’oublie pas une chose, c’est que le produit, surtout les produits, vont devenir l’élément central de ta vie. C’est que : où est-ce que je trouve mon produit… à quelle heure je l’ai… combien… est-ce que j’ai l’argent pour l’avoir… est-ce que j’ai cet argent, est-ce que je ne l’ai pas…comment je peux l’avoir… ? Donc ma vie tourne autour du produit, ce qui veut dire que j’ai plus de place dans ma vie pour le reste, pour ma femme, mon boulot, mes enfants, mes voisins… donc sociétalement, il y a un appauvrissement – et souvent professionnellement, en fonction des produits, ça va parfois très très vite ; l’alcool parfois c’est assez… il y a des gens qui arrivent à tenir le coup avec l’alcool d’une façon assez surprenante ; ils donnent le change, alors ils boivent le soir, etc, mais très vite on s’en rend compte aussi. Et alors d’autres produits comme par exemple l’héroïne, la cocaïne, ils ne tiennent pas plus qu’un an ou 2 avant que les répercussions sociétales, familiales, professionnelles soient massives et souvent définitives.

– F : Ouais, d’accord, waouh…Et donc, oui, parce que les gens ensuite ne vont pas entrer dans une relation, parce que la personne est tellement obnubilée par son addiction, c’est ça un peu que tu soulignes ?

– D : Oui.

– F : Alors on a parlé de l’alcool et du tabac, quelles sont les addictions à des produits que l’on voit de plus en plus, que tu vois dans ta pratique ? Et puis ensuite on parlera un peu des addictions….

– D : Alors je vois beaucoup aujourd’hui bien sûr, de cocaïne. La cocaïne qui était finalement assez cachée il y a encore 10-15 ans, est en grande montée en puissance en ce moment. C’est LE produit phare avec les psychostimulants, c’est-à-dire le MDMA, l’ecstasy, etc, tous ces produits stimulants ; et puis bien sûr l’héroïne, qui reste toujours… elle a toujours un grand public, malheureusement ; mais qui n’est plus le produit prioritairement consommé, et qui n’est pas aussi le 1er produit mis en avant. Beaucoup de personnes vous disent : je suis venu à l’héroïne secondairement, parce que je gérais la descente de la cocaïne – ce qui est une catastrophe, parce que finalement ils sont accros aux 2 après, et la dépendance de la cocaïne est assez différente de ce qu’on parle, de la dépendance de l’héroïne, mais on peut pas rentrer dans ces détails aujourd’hui. Et ensuite bien sûr, je dirais qu’il y a un produit important dont il faut qu’on dise un mot, c’est le cannabis qui est un produit… Tu demanderas à n’importe quel spécialiste qui s’occupe d’addictions, que ce soit un psychiatre, un addictologue, même des médecins qui gèrent ces patients, ils vont tous dire : c’est un mauvais produit. Mais le problème c’est qu’il ne donne qu’environ 25% de dépendance, donc il y a 75% de gens qui en prennent et qui vous disent : ‘mais non, j’ai fumé quelques petits joints et ça s’est bien passé’. Le problème c’est que les 25% qui vont rester accros à ce truc là, ils vont payer un prix psychiatrique souvent… en tout cas des angoisses, des problématiques d’insertion sociale, des… souvent un prix scolaire, avec des retards scolaires, ou des échecs scolaires, avec des diplômes bien moindres à ceux qu’ils auraient pu prétendre s’ils n’avaient pas consommé. Et donc ça a un coût finalement, financier énorme, si on s’en rend bien compte. Non, c’est pas un bon produit, mais on va…. on est en train de légaliser le cannabis, au niveau de l’Europe de l’Ouest, je dirais même au niveau occidental, pour des mauvaises raisons, parce qu’en fait, simplement parce que politiquement, on n’arrive pas à contrôler ce produit.

– F : Oui ! Et généralement lorsque j’entends, je sais pas si c’est ce que tu observes, c’est que c’est une porte ouverte vers d’autre drogues, ça veut dire c’est jamais satisfaisant suffisamment, les gens ont de la peine à s’arrêter au cannabis. C’est vrai ou c’est faux ?

– D : Alors on a longuement jasé sur cette théorie du ’Est-ce que c’est la pente savonneuse ? ’ Ce que je peux dire, c’est que le cannabis est un produit destructeur de barrières mentales. Mais il faut qu’on comprenne ce qu’est une barrière mentale.

– F : Oui, on va parler d’ailleurs de la part des neuro-sciences.

– D : Oui, alors une barrière mentale, c’est très intéressant. J’ai une barrière mentale, par exemple : j’arrive chez toi, et tu me proposes à manger, donc j’ai une barrière mentale, et je ne te dis pas : ’Ecoute, ta nourriture n’est pas bonne, je veux absolument que tu me fasses un steak-frites’… Donc je vais plutôt essayer, mentalement, de dire : ’Je vais plutôt essayer de manger ce que tu me proposes’ : j’ai une barrière mentale, tu vois ? Mais sous l’effet de produits désinhibants, cette barrière mentale va tomber, et du coup je vais dire : ’Ah ben non, mais qu’est-ce que tu m’amènes là, moi je mange pas de haricots’…

– F : Je voudrais préciser qu’il n’a pas encore mangé chez nous, ça viendra après !

– D : J’ai pas peur ! Je mange des légumes… (rires)

Non mais, pour en revenir à cette histoire, la barrière mentale est très importante dans la façon de se protéger par rapport à des produits… C’est-à-dire, j’ai un exemple..

– F : Ou des comportements !

– D : Par exemple, combien de jeunes filles, lors des consultations de jeunes consommateurs, arrivent le lundi matin en pleurant toutes les larmes de leur corps, en disant : ’Mais je sais pas ce qui m’est arrivé, j’ai consommé de l’alcool, j’ai pris du cannabis, et le matin du lundi je me suis retrouvée dans le lit d’un type, j’aurais même pas imaginé que je puisse faire ça’… Barrière mentale !

– F : Oui, c’est ça…

– D : Ou alors, par exemple, je suis convaincu que je veux juste fumer, mais que je ne veux pas prendre d’héroïne ni de cocaïne en sniff, mais sous l’effet du produit : ‘allez, ce soir c’est cool, c’est la fête, allez.. une fois, file m’en une, allez… un petit rail, juste pour voir ! ’. Et hop ! Tu ouvres la porte, le produit rentre, tu vas avoir une expérience positive, souvent très positive… Alors il faut de suite dire une chose : les drogues, il ne faut pas dire que c’est mauvais ! Au début, c’est bon. Mais ça ne dure pas.

– F : Oui, c’est ça.

– D : Et après, on paye le prix ! Mais au début faut surtout pas dire que c’est mauvais, parce qu’au début, c’est ça le piège, au début c’est bon. Et donc les gens viennent et me disent : "Vous savez, j’ai expérimenté l’héro, la coke, c’était génial !" "Oui, je dis, et maintenant on fait quoi ? Et maintenant on fait quoi ?" "Mais j’y pense tous les jours, docteur !" Et je dis "oui, et maintenant on fait quoi ? Moi j’ai pas un burin pour vous l’enlever du cerveau !"

– F : Oui c’est ça. Donc on a parlé de substances, on a parlé d’alcool, de marijuana, on a parlé de cannabis, on a parlé également de toutes les autres substances. Est-ce qu’il y a d’autres types d’addictions ?

– D : Bien sûr… On a ce qu’on appelle les addictions comportementales, qui existent depuis très longtemps, mais qui finalement sont… qu’on cherche et qu’on dépiste mieux depuis maintenant une dizaine d’années. En fait, on commence à les chercher, et qu’est-ce qu’on se rend compte ? C’est que souvent elles sont co-intriquées. Tu vois arriver quelqu’un avec une dépendance au cannabis, mais en même temps, tu découvres qu’il est addict aux jeux de grattage, aux jeux d’argent. Et puis d’autres qui me disent : ‘et voilà, j’ai un problème avec l’alcool, et en même temps j’ai un comportement absolument bizarre au niveau sexuel, j’ai de la masturbation compulsive’. J’ai des patients qui se masturbent 27 fois, 32 fois par jour, avec des blessures… je te raconte pas ; tu vois, ça les met en situation très compliquée, parce que dans leur vie… leur vie est vraiment impactée par cette addiction, et ils voudraient arrêter, mais ils ne peuvent plus !

– F : Ils sont coincés.

– D : Ils sont complètement coincés dans ça.

– F : Alors on fait la liste des addictions comportementales ? Et puis ensuite on évoquera un peu comment…

– D : Alors les addictions comportementales on peut en parler rapidement. On a bien sûr les addictions sexuelles, dont on pourrait longuement parler. Rien que ça, ça serait un podcast un soir… et pas facile à expliquer lors d’un podcast, car il y a des choses parfois assez bizarres qui remontent. Tu sais, quand tu es dans un bureau avec des gens qui te racontent des choses comme ça, tu te dis ‘ooh, ça existe ? Ah bon ? C’est même pas possible ! ’

Ensuite, on a beaucoup de problèmes de jeux d’argent ; ça s’est beaucoup beaucoup… avancé, des gens qui dépensent des sommes absolument phénoménales, qui sont convaincus qu’ils vont gagner la prochaine fois, alors qu’ils ont tout perdu.

Et puis on a de plus en plus de gens à l’addiction au sport, ce qu’on appelle la bigorexie ; des gens qui ne s’autorisent pas à se reposer s’ils n’ont pas fait un minimum d’activités sportives, qui font des courses, du sport à la maison, etc. On a ça, on a aussi, des problèmes de ce qu’on appelle l’oniomanie, j’appelle ça "l’Amazonite aigue", les troubles d’achats compulsifs. Une des caractéristiques de ça, c’est des gens qui achètent, mais qui ne déballent pas. Tu arrives chez eux, ils ont des cartons remplis mais oui… en fait ce qui les intéresse c’est d’acheter. Il y a une espèce de remplissage.

Et puis ensuite, on a aussi beaucoup de problèmes au niveau des comportements, des jeux, des jeux vidéo… J’ai des histoires de personnes, de garçons qui viennent me raconter qu’ils jouent 17-18h par jour, donc ils n’ont même plus le temps de dormir. Et puis ils n’ont plus de vie scolaire, ils ont arrêté leurs études, ils vivent dans la cave de leur maison, ils se nourrissent de boîtes de cassoulet…

– F : D’accord… Alors ce qui est intéressant c’est qu’en début de podcast, tu as donné une définition qui parlait de nuisibilité, on la mesure très bien en termes de longévité, de la longueur de vie, la durée de vie. Comment est-ce qu’on mesure la nuisibilité d’un comportement tels que ceux que tu m’as décrit ?

– D : Tu parles des addictions comportementales ?

– F : Oui.

– D : Alors les addictions comportementales, c’est difficile de mesurer leur réduction d‘espérance de vie. Pour ça, il faut que tu aies un grand panel de milliers de personnes, il faut les suivre pendant très longtemps. On est bien d’accord que ça n’est possible que pour des addictions massives et qui donnent déjà des gros problèmes au niveau sociétal.

– F : D’accord.

– D : Par contre, ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a une nuisibilité sociétale absolument nette de toutes ces addictions comportementales, au niveau de l’entourage, de leur relation pour ces personnes, parce que ces personnes très souvent te disent : ‘je suis prisonnier de mon comportement, je ne peux pas m’arrêter, je voudrais – par exemple en matière d’addiction sexuelle, je voudrais, moi -ils me disent tous ça –je voudrais avoir une femme, je voudrais me marier, je voudrais avoir des enfants, je voudrais que mes enfants m’appellent papa…’ et en fait, ils se rendent compte qu’ils sont piégés, ils sont trappés dans quelque chose qui va les empêcher de faire ça ; ça sera jamais possible pour eux.

Et puis voilà, on peut parler de sport. J’ai un addict au sport qui me raconte comment le soir en rentrant, il a un problème familial parce que quand il rentre le soir du boulot, il estime qu’il n’a pas le droit de se reposer, il faut d’abord qu’il fasse encore 20km. Donc il fait du vélo, il a une espèce de machine à pédaler à l’intérieur de chez lui… de course, alors il sue à mort, et puis finalement quand il a enfin fini… eh bien, sa femme est couchée, les enfants sont au lit. Et il me dit : ‘Vous comprenez ? ’ Le week-end, il s’inscrit à des courses, il fait des trucs en vélo, il fait ‘Iron Man’-je ne sais pas si tu sais ce que c’est ? (NT : triathlon intensif) … mais c’est fou ! Et en fait, il se fait des blessures à la jambe, il va voir des tas de docteurs qui lui remettent les machins en place, parce qu’il faut surtout pas que ça s’arrête !

– F : Bien sûr ! Donc c’est intéressant, parce que tu étends un petit peu notre univers en parlant d’addiction dans d’autres domaines et dans d’autres conséquences. Moi, ce que j’aimerais savoir, c’est qu’est-ce que les neurosciences nous apportent pour mieux comprendre ce phénomène ? Alors on ne va pas résoudre, on ne va pas parler de solutions avant le prochain podcast, mais j’aimerais déjà que l’on voit un peu… qu’est–ce que l’on découvre, qu’est-ce que la science médicale, l’imagerie du cerveau, nous permet de comprendre de ces phénomènes ?

– D : Alors on est bien d’accord, on est vraiment dans la phase de l’exploration. Si tu veux, les neurosciences, en particulier ce qu’on appelle les imageries fonctionnelles du cerveau… Qu’est–ce que c’est l’imagerie fonctionnelle du cerveau ? Il faut le dire, on met les gens dans une espèce de scanner, et en même temps, pendant ce temps qu’on voit leur cerveau en coupe, on peut voir en même temps en couleur apparaître les cellules qui fonctionnent à un moment donné.

– F : Whaooh…

– D : Par exemple, si tu as très faim, et tu rentres dans ton scanner, si tu as très faim et que quelqu’un s’approche de l’autre côté de la vitre et te montre un gros sandwich, dans ton cerveau, il va y avoir des cellules de la faim et la cellule du circuit du plaisir, et du geste du bras qui voudrait aller prendre le sandwich, qui vont s’allumer. Tu vois ce que je veux dire ?

– F : Très bien !

– D : Donc ça c’est quelque chose de tout à fait nouveau, ça fait 10 ans, 15 ans… avant on n’imaginait même pas qu’un jour on puisse faire une chose pareille. Donc aujourd’hui on peut faire ça.

Alors qu’est-ce qu’on sait aujourd’hui ? On le savait déjà un petit peu avant. On sait que- et les neurosciences disent, que nous avons un circuit du plaisir, on en reparlera- c’est-à-dire que quelque part il y a au fond de nous quelque chose de tout petit, mais qui nous gouverne – qui est tellement puissant, et qui en fait, on ne s’en rend pas compte – qui va impacter notre vie de tous les jours, et qui finalement nous tire dans un sens ou dans un autre, et on peut se laisser asservir par un circuit du plaisir, on en reparlera.

– F : Donc le circuit du plaisir joue un rôle-clé, et dans nos motivations et dans nos comportements. Alors comment est-ce qu’on doit considérer d’un point de vue biblique -parce que Daniel, tu es non seulement un spécialiste de l’addiction mais tu es aussi un disciple de Jésus-Christ. Tu es un croyant, tu es attaché à une église, tu en es un des responsables, tu participes à plusieurs formations, tu donnes des formations sur les questions… je t’ai entendu auprès des jeunes à l’IBG, et puis dans d’autres contextes ; et donc je suis conscient que tu as aussi un regard de chrétien. Comment est-ce qu’on peut considérer l’addict d’un point de vue biblique, ou chrétien ?

– D : Alors, j’espère que je ne vais pas choquer nos auditeurs..

– F : Tu es libre dans ta parole !

– D : Voilà… Je vais te dire la vérité. Pour moi, l’addiction, c’est le 1er mensonge.

– F : D’accord.

– D : C’est le 1er mensonge ; si tu réfléchis bien, il y avait donc un endroit où Dieu a dit à l’homme et à la femme : ‘Vous pouvez tout avoir, mais il y a une chose, il y a un fruit, et celui-là vous n’y touchez pas…’ Et tu sais quoi finalement, c’est l’ennemi qui a inventé cette arme de destruction massive qu’est les addictions, et il dit quoi aujourd’hui aux gens ? Il te dit "Mais, tu sais, ce truc est bon, mais c’est justement parce que c’est bon, c’est pour ça que tu dois pas l’avoir… Et tu sais, t’as des problèmes, mais ouais mais c’est normal, il te faut ce truc…faut le prendre. Tu va voir, et puis d’ailleurs y’a des gens qui disent que c’est… mais c’est parce que tu vas être comme eux, tu vas être bien… et puis d’ailleurs c’est super, tu peux être bien n’importe quand, à n’importe quel moment.. et tu prends le produit"

En fait, pour moi, l’addiction, c’est une arme de destruction massive de l’ennemi avec laquelle il attaque, non seulement les non-chrétiens, mais aussi les chrétiens, et il les maintient dans des chaînes, moi j’appelle ça le congélateur spirituel. Il les rend incapables d’être efficaces pour leur Seigneur et Sauveur, tu vois, et en fait c’est terrible, tous les jours l’ennemi utilise ce vieux mensonge qui date de l’aube de l’humanité, et il continue de le servir, et il y a des tas de gogos qui tombent dedans.

– F : OK ! C’est intéressant parce qu’on aurait tendance, assez facilement dans les églises évangéliques, à classifier le péché en terme de comportement, et toi tu l’évoques en termes de la source de ce comportement ; je trouve que c’est beaucoup plus fin, et ça ouvre aussi une porte d’espoir, de considérer qu’il y a un mensonge qui prend les individus et qui les conduit à un comportement, plutôt que simplement regarder à ce comportement.

Alors on va terminer là –dessus avec : est ce qu’il y a de l’espoir pour quelqu’un qui est un addict ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ?

– D : Mais tu sais, déjà dans le livre d’Esaïe, il y a une prophétie que Jésus reprend à lui en disant : "le Père m’a envoyé pour libérer les gens dans la dépression, dans la souffrance" et moi je pense qu’il a envoyé… Jésus a été envoyé pour libérer les addicts ! Il dit lui-même : ’Je suis celui… le libérateur’ et il a dit ‘la vérité vous rendra libres’ C’est lui la vérité. Moi, j’ai vu de mes yeux, je vois comment Jésus libère les addicts, donc je crois que… clairement, il y a de l’espoir, parce que le Seigneur est venu pour libérer.

– F : D’accord ! Et ce sera le sujet du prochain podcast. Merci de nous avoir écoutés jusque là, et à la semaine prochaine !

– D : Au revoir !