Croire ou s’émouvoir?

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Combattre l’insatisfaction

Certains ne croient plus au christianisme, pas forcément parce qu’ils considèrent sa vision du monde comme inexacte, mais plutôt parce que selon eux, il ne fonctionnerait pas. En regardant autour d’eux, ils pourraient croire que d’autres idées, religions ou groupes seraient plus profitables.

À première vue, ces groupes peuvent sembler riches, profonds et authentiques, offrant de meilleures relations communautaires, un objectif plus profond et une vision du monde plus attrayante. D’autres groupes encore peuvent sembler tout simplement plus sympas.

Bref, les gens ne renoncent pas toujours à suivre le Christ pour des raisons purement intellectuelles. Certains le font parce que Jésus passe au second plan dans leur vie. Le christianisme ne les satisfait plus, c’est tout. Alors, comment réagir face à ce problème? Voici quelques réflexions.

Rien que la vérité

Tout d’abord, nous devons nous rappeler que le christianisme est digne de foi, non pas parce que nous le pensons meilleur, ou même parce qu’il semble fonctionner mieux que d’autres systèmes, mais parce qu’il est vrai.

Si Jésus est vraiment le Fils de Dieu, s’il est vraiment ressuscité des morts, si nous obtenons la vie éternelle par son seul intermédiaire, alors cela suffit à ce qu’il soit digne d’être suivi. Ces réalités sont inébranlables, même si la vie chrétienne est plus difficile que les autres options qui s’offrent à nous.

Après tout, certaines fausses croyances et certains systèmes fallacieux peuvent, pour un temps seulement, procurer une émotion plus satisfaisante que des croyances et systèmes véridiques. Cela me rappelle le film de science-fiction The Matrix, dans lequel les machines ont enfermé des millions de gens dans un monde numérique imaginaire pour se nourrir de leur bio-électricité corporelle. Il est certain que pour ces personnages, le monde utopique est bien plus agréable et gratifiant que le monde réel.

En effet, ce dernier est cruel, sans pitié et déprimant. Mais le monde imaginaire n’est que mensonge. Le film montre qu’il est préférable de connaître la vérité et de la suivre, même si elle est pénible, plutôt que de vivre dans le mensonge. En fait, lorsque Neo doit décider s’il va prendre la pilule rouge ou la pilule bleue, Morpheus est très clair sur sa promesse: « Rappelez-vous, tout ce que je vous offre c’est la vérité, rien de plus. » Il sait que Neo se réveillera dans un monde moins réjouissant. Mais tant pis, c’est la vérité qui compte.

En réalité, nous ne sommes pas chrétiens parce que cela nous fait du bien, ou parce que nous ressentons des émotions réconfortantes, mais parce que c’est la vérité. Évidemment, cela ne veut pas dire que le christianisme n’offre aucun bénéfice concret, pratique ou même émotionnel. Ils sont multiples et nous en reparlerons plus loin. Mais nous devons respecter l’ordre des choses. Comme l’observe Os Guinness, « la foi chrétienne n’est pas vraie parce qu’elle fonctionne. Elle fonctionne parce qu’elle est vraie. »[1]

Si nous inversons l’ordre des choses et pensons que la vérité se détermine selon notre bon vouloir, nous aurons de sérieux problèmes. D’abord, une telle approche signifierait que chacun peut créer sa propre « vérité ». Après tout, les gens ne sont pas d’accord – souvent de manière significative – sur ce qu’ils pensent être « valable » pour eux. Par exemple, si quelqu’un disait que la religion brésilienne de La Vallée du Soleil Levant, dont les adeptes croient qu’ils sont des extraterrestres sous forme humaine, est la plus convaincante sur le plan existentiel, nous serions obligés de conclure qu’elle est « vraie ». Et cela nous amènerait donc à conclure que n’importe quelle vision du monde est « vraie », du moment que quelqu’un, quelque part, a estimé qu’elle lui convenait.

C’est un sujet brûlant pour le chrétien. En effet, la Bible enseigne qu’être un disciple de Christ s’accompagne souvent de grandes souffrances, de persécutions et de tribulations. Si les gens restent fidèles au christianisme au milieu de tels défis, c’est parce qu’ils croient que ses dogmes sont vrais, et non parce que cela améliorerait éventuellement leur situation. Après tout, la foi chrétienne n’est pas forcément synonyme de bien-être. Parfois même, être chrétien peut rendre la vie plus difficile.

Un message qui a du sens

La véracité du christianisme est donc fondamentale. Nous pouvons alors nous pencher sur la vision du monde, riche et cohérente qu’il propose. En d’autres termes, le christianisme « ça marche », et cela ne devrait pas nous étonner. Si Dieu est réel et qu’il a créé toutes choses, il est facile de penser qu’être son disciple est source de bénédiction (à condition de bien définir le terme « bénédiction »).

Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, mais permettez-moi de mentionner quelques aspects du christianisme qui en font un atout à titre personnel.

Premièrement, le christianisme donne un vrai sens à nos vies et un objectif sûr. Évidemment, nous aspirons tous à cela. L’homme veut s’assurer qu’il est sur terre pour une raison en particulier et que tous ses efforts, son travail et ses agissements auront, à terme, un réel impact. Cela peut être particulièrement vrai pour les étudiants. Ils veulent croire qu’ils « font la différence » et qu’ils sont au service d’une cause qui les dépasse.

Mais c’est là justement que réside le problème. Dans un monde sans Dieu, il n’y a pas de sens particulier à ce que nous faisons. De nombreux scientifiques et philosophes modernes l’ont d’ailleurs admis. Carl Sagan, après avoir réfléchi à l’immensité de l’univers, a tiré cette conclusion:

Nous sommes les gardiens du sens de la vie. Nous préférerions qu’il en soit autrement, bien sûr, mais il n’existe aucune preuve irréfutable de l’existence d’un Parent cosmique qui prendrait soin de nous et nous sauverait de nous-mêmes. Cela dépend de nous.[2]

En d’autres termes, c’est nous qui donnons du sens à un univers vide de sens.

La plupart de vos camarades de faculté seront d’accord avec cette idée. Ils peuvent penser que le monde est ce que nous en faisons. De ce fait ils peuvent se fixer un but dans la vie qui les satisfait. Ce peut être la protection de l’environnement, la lutte contre la faim dans le monde ou la lutte contre le trafic sexuel.

Mais cette envie de « donner du sens à sa vie » est-elle vraiment efficace? Pas du tout. Quelle que soit l’ardeur avec laquelle on accomplit ces missions, elles n’ont en définitif aucun sens dans un monde sans Dieu. Elles ne font absolument aucune différence dans un monde sans Dieu.

Après tout, pourquoi protéger l’environnement? On pourrait répondre: « Pour réduire la pollution. » Mais pourquoi réduire la pollution? Pour préserver nos ressources naturelles. Pourquoi devrions-nous préserver nos ressources? Pour aider les générations futures. Que se passe-t-il si nous aidons les générations futures? Elles vivront plus longtemps et plus confortablement. Et pourquoi est-ce primordial? Parce que…

Au final, il n’y a pas de réponse terre à terre satisfaisante à cette question. Sans Dieu, il n’y a aucune raison de penser que l’homme compte plus que les cafards ou les écureuils. De plus, tous ceux que nous avons aidés finiront par mourir de toute façon. Même si certains sont un peu plus heureux de leur vivant, notre contribution n’aura pas changé grand chose dans l’histoire de l’humanité. À terme, le soleil disparaîtra, la terre périra et tous nos efforts environnementaux n’auront servi à rien. Sans Dieu, rien n’a de signification durable.

En revanche, c’est précisément la raison pour laquelle la vision chrétienne du monde est si gratifiante. Nous avons un objectif clair: servir Dieu, le glorifier et construire son royaume. De plus, aider autrui est vraiment essentiel, car notre prochain est un être éternel, créé à l’image de Dieu, qui a de la dignité et de la valeur. Enfin, tout ce que nous faisons pour Dieu a une valeur éternelle car nous servons un être éternel qui voit tout ce que nous faisons.


[1] Os Guinness, God in the Dark: The Assurance of Faith beyond a Shadow of Doubt (Wheaton, IL: Crossway, 1996), p.77. 2. Carl Sagan, in The Meaning of Life: Reflections in Words and Pictures on Why We Are Here, ed. David Friend (Boston: Little, Brown, 1991), p.73; mention de l’auteur.1. Os Guinness, God in the Dark: The Assurance of Faith beyond a Shadow of Doubt (Wheaton, IL: Crossway, 1996), p.77.
[2] Carl Sagan, in The Meaning of Life: Reflections in Words and Pictures on Why We Are Here, ed. David Friend (Boston: Little, Brown, 1991), p.73; mot souligné par l’auteur.

Merci à Christine Davée pour la traduction de cet article, adapté de Surviving Religion 101: Letters to a Christian Student on Keeping the Faith in College [Une religion qui survit: Lettres à un étudiant chrétien pour garder la foi à l’université] de Michael J. Kruger.

Pour aller plus loin:

Michael J. Kruger

Michael J. Kruger (Ph.D., Université d'Édimbourg) est professeur du Nouveau Testament et d'Histoire de l'Église au Reformed Theological Seminary (Séminaire théologique réformé) de Charlotte, en Caroline du Nord. Il est un éminent spécialiste des origines et du développement du canon du Nouveau Testament. Il est blogueur sur michaeljkruger.com

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