Faut-il être cool pour partager sa foi?

Croissance spirituelle

Lunettes fluos, flash-mobs, Facebook, Insta, vidéos, look hipster (ou surtout pas), soirées smoothies et coffee-bar, rap, bière(s), mode, déco, skate, projecteurs, blagues, canapés,… Tous les coups sont bons pour montrer à nos amis non-chrétiens que suivre Jésus, ce n'est pas du tout ce qu'ils pensent. Être chrétien, c'est grave cool en fait!

Être cool c’est, peut-être, le combat de tous les jeunes chrétiens. Le Seigneur les a saisis, mais une lutte a commencé: il va falloir prouver qu’ils ne sont pas devenus « bizarres ». Pour ceux qui auront eu le courage de parler de leur foi à leurs amis, il va falloir casser les préjugés et faire envie, plutôt que pitié.

Loin de moi l’idée de stigmatiser qui que ce soit (je porte la barbe et je fais du graffiti tout en étant étiqueté « pasteur conservateur »– un vrai ovni); je partage ici ce que j’aurais voulu entendre il y a quelques années.

Faut-il être cool pour partager sa foi? À mon sens, oui et non. Pourquoi? Parce que les chrétiens qui ne sont pas cools ne sont pas de très bons missionnaires, mais les chrétiens qui sont vachement cools sont souvent de mauvais chrétiens. En espérant que ça te fasse gagner du temps.

Quand la cool attitude nous fait défaut

  • Imagine. Tu as un très bon ami et il voudrait en savoir plus sur la foi. Mais tu te sens bloqué; tu ne sais pas comment faire: les chrétiens de ton Église ne te ressemblent pas du tout. Tu les aimes, bien sûr. Mais il faut l’avouer, ils sont largués. La déco est vieillotte. Ça ne te dérange plus trop, toi, mais hors de question de laisser un ami rentrer dans le bâtiment de l’Église. La honte!

Quand la cool attitude nous fait défaut, ce sont des barrières entre nous (chrétiens) et les autres (non-chrétiens) qui apparaissent. Ces barrières nous empêchent de partager leur quotidien. Elles empêchent l’identification. Par peur de laisser la culture du « monde » entrer dans l’Église, on préfère cultiver la culture d’Église: un monde parallèle, une sorte de sas entre la réalité et la Bible (qu’elle ne soutient souvent même pas).

Nous, responsables d’Églises, devrions veiller à ne pas être tellement détachés de notre culture que nous perdons notre droit de parler. Nous devrions faciliter les échanges. Nous devons « être cools » par compassion pour ceux qui se perdent. Notre modèle: Dieu lui-même qui est devenu homme en Jésus-Christ.

D’un point de vue missiologique, être cool, c’est bien connaître sa culture et savoir l’évaluer avec les yeux de Dieu. C’est montrer notre amour en faisant tout le chemin qu’il nous est possible de faire vers ceux qui ne connaissent pas le Seigneur pour le leur présenter. C’est important parce que, généralement, les chrétiens qui ne sont pas cools ne sont pas de très bons missionnaires. Il n’arrivent pas à gagner le droit de parler.

Quand la cool attitude cache un manque de foi

  • Lundi matin, tu viens de rependre les cours ou le travail, mais tu es exténué. Tu as passé tout le week-end à animer cet événement tant attendu. Après les nombreuses réunions de préparation au fil des mois, il a enfin eu lieu. Et c’était parfait. Tout le monde était ravi. Beaucoup de visiteurs sont passés voir le spectacle. Bien sûr, c’était un événement « en douceur », donc personne n’a pris la parole en public, au micro, pour parler du péché, du jugement et tous ces trucs à l’ancienne qui font fuir… Mais les plus doués ont pu parler de l’amour de Dieu à certaines personnes. Elles n’ont pas été baptisées sur le champ, mais tu te consoles en te disant que c’était une première approche.

Le souci, c’est que ces « premières approches » se multiplient. Et peu à peu, la croyance s’installe: pour toucher le plus de personnes possible, il faut avant tout veiller à être cool, branché, dans l’air du temps. Le succès se compte avant tout en nombre de participants, en « like ». L’Église se remplit de gens cools (en même temps qu’elle se vide de ses disciples).

Tout ça n’est pas faux, mais cela commence à occulter la réalité. Ce n’est pas au travers de la cool attitude que Dieu fait naitre de nouveau (1Pi1.23). Si la cool attitude te paralyse et t’empêche d’ouvrir la Bible ou de dire la vérité de l’Écriture, elle n’est plus un pont, elle est devenue un nouvel obstacle. Et là, même si tu as des tonnes de followers, c’est le pouce rouge au niveau spirituel.

La cool attitude doit être un pont pour l’Évangile, pas un nouvel obstacle qui empêche la vérité de trouver le cœur des gens.

Quand la cool attitude devient contre-productive

  • Tu as gagné tous tes potes à ta cause: il savent bien que tu es un chrétien engagé; mais tu es là, avec eux, à LA soirée de l’année. Summum de l’explosion des préjugés: tu as une cannette de bière à la main et ta casquette vissée sur la tête! Plus rien de ne peut t’arrêter; tu es LE témoin de Jésus le plus cool de toute la planète!

Mais au fond de toi, tu sais que ce déguisement n’a rien à voir avec la nouvelle vie que Jésus a implantée en toi. Dieu ne nous sauve pas seulement. Dans le package, il nous engage dans un processus de changement qui commence quand il nous sauve. Qui dure tout au long de notre vie et qui s’achèvera lors de son retour. Dans ce processus, son Esprit nous pousse à détester le péché et à aimer la justice. Et ça, ça entre en contradiction avec pas mal d’aspects de la cool attitude.

Très souvent, les chrétiens cools oublient que leur salut n’est pas un ticket gagnant pour le paradis. Et que le pardon assuré de leurs péchés n’est pas la meilleure occasion pour en faire encore plus (Ro 6.1). Ils se passionnent pour toutes sortes de modes et se mettent à critiquer les chrétiens ringards qui ne sont pas de bons missionnaires. Leur attention ne se porte plus sur l’état de leur désir de devenir saints. Ils se retrouvent à lutter contre leur nouvelle nature. Bref, les chrétiens qui sont vachement cools se révèlent être de mauvais chrétiens.

Est-ce que l’Évangile est cool?

Chacun sa définition de ce qui est cool ou ringard. En matière d’Évangile, le constat est mitigé. Si la recherche de la pureté sexuelle, le désir de plaire à Dieu, mon adoration, etc. font de moi un ringard. Alors j’ai décidé de ne pas être cool… on verra bien où cela me mène (j’ai ma petite idée: Mt 16.26)

Franck Godin

Disciple de Jésus, Franck le sert à l’Église Protestante Les Deux Rives, à Toulouse. Il est marié à Flavie, ils ont 5 enfants.

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Orateurs

R. Charrier