Un pasteur vous répond

Un chrétien doit-il éviter certaines séries télé et musiques? (Épisode 23)

Combat contre le péchéCulture et arts

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Publié le

23 mars 2016

Quelle liberté le chrétien a-t-il vis-à-vis de la culture? L’épisode 23 traite d’une question que les chrétiens se posent depuis des millénaires. Un auditeur demande: « Quels programmes télé un chrétien ne devrait-il pas regarder? ». Une autre auditrice demande: « Qu’est-ce que je peux écouter comme musique? ». Le pasteur Florent Varak propose une réflexion biblique sur le sujet de la culture.

Transcription:

« Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont une aide mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. Cependant, n’hésitez pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance. »

Alors la question est posée : quel programme télé un chrétien ne devrait-il pas regarder ? Et qu’est ce que je peux écouter comme musique ?

Ce sont deux questions qui ont occupé l’histoire de l’église. Dans le temps du Nouveau Testament, les gens se posaient des questions similaires : est ce qu’un chrétien peut aller voir les jeux de cirque ? Généralement la réponse était non. Qu’est ce que les chrétiens peuvent faire par rapport aux pièces de théâtre qui sont proposées ? Ou aux concerts proposés dans les villes du Nouveau Testament ?

Il faut savoir, et c’est intéressant, que tout au long de l’histoire de l’église, les gens se sont posés la question du rapport entre les chrétiens et la culture, et c’est à définir, redéfinir régulièrement. Lorsque Le Messie de Haendel, par exemple, a été joué pour la première fois, cela a fait un scandale parmi les chrétiens qui ont considéré un peu inapproprié, que des paroles aussi saintes soient chantées, proclamées dans un lieu qui était dédié au spectacle, puisque c’était dans une salle de concert. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps que ça, la génération de Ralph Shallis considérait qu’un chrétien ne pouvait pas aller au cinéma. Ce n’était pas concevable de perdre de son argent et son temps à aller voir un film. Et les temps ont changé… La question demeure : qu’est ce que l’on peut faire ? J’aime bien la question, parce que justement, elle fait réfléchir différemment peut-être que ce que l’on a l’habitude de faire.

Parlons un petit peu musique : les instruments de musique notamment. J’ai un ami qui est d’un âge certain maintenant qui me disait qu’il y a une cinquantaine d’années, lorsque il amenait sa guitare sèche dans des lieux de culte, certains pensaient que le diable était entré parce que c’était un instrument contemporain que l’on associait au culte.

Alors ma réaction c’est, bien sûr : ce serait formidable si le diable ne faisait que de jouer de la guitare ! Ce serait assez simple comme influence à gérer. Mais la guitare sèche était déjà la « présence du monde » au sein de l’église. Tu imagines lorsque certaines églises ont ajouté une batterie et autres, cela a créé un peu un scandale.

Dans les années 70 et 80, les chrétiens ont contesté la légitimité du rock en disant que de toute façon, c’était une musique qui était rythmée, qui visait le corps, dont on ne comprenait pas les paroles. Et parce qu’on ne comprenait pas les paroles, ça ne cherchait pas à parler à notre intelligence, et donc ça ne pouvait pas être chrétien.

Mais ce qui est intéressant, c’est que quelques années plus tard, lorsque le rap a fait son apparition, certains chrétiens se sont opposés au rap en disant « mais ça glorifie la violence, c’est un rythme qui n’est que pour le corps ». Ils n’ont pas fait référence, au fait que là, pour le coup, c’était vraiment les paroles qui étaient mises en avant. Même lorsque des chrétiens ont essayé de faire du rap chrétien ou en tout cas avec des paroles un peu plus nobles, ces mêmes chrétiens ont quand même eu cette réaction, un peu à l’encontre de ce mode de communication, de ce style de musique.

Plus récemment un ami et frère me faisait part de sa consternation de voir que les chrétiens faisaient des slams ! Je n’ai pas osé lui dire que notre église venait d’investir dans la production d’un slam qu’on va bientôt diffuser. Je trouve que c’est un très très bon slam qui permet de parler de l’espérance qui est en Christ. Je n’ai pas osé lui en parler, parce que je ne voulais pas le choquer. Mais c’est vrai, cette question du rapport entre la culture et le christianisme demeure toujours. Alors c’est une discussion minée, et je te livre ma perspective. Tu as le droit, bien évidemment, comme d’habitude, d’avoir une perspective différente.

Dans ma compréhension, ce n’est pas le style de musique qui compte et qui importe. Pour moi c’est le contenu ! Un chant qui encourage/suscite la violence ou l’immoralité, que ce soit entouré de musique classique, que ce soit dans un rap, c’est une pub pour le cerveau, pour le coeur. Et je dois le refuser en quelque sorte, parce que c’est une influence dont je n’ai pas besoin.

A mon sens, il n’y a pas de style culturel chrétien : ni le chant grégorien, ni la louange contemporaine ne sont des styles chrétiens, c’est juste un support de quelque chose qui est censé toucher le coeur, toucher la pensée, toucher l’intérieur de notre être. Je trouve magnifique la culture parce que, justement, par sa beauté elle contribue à exprimer quelque chose de la création de Dieu. Alors, choisis ta musique et choisis tes interprètes en fonction de leur contenu et de leur influence. Parfois il y a de très beaux chants, écrit par des auteurs non-chrétiens, qui véhiculent des vérités très profondes, très touchantes et qui vont remuer notre coeur, je crois, dans une bonne direction.

Pour les films maintenant :

Certains disent qu’il ne faut pas regarder des films qui mettent en avant des actes pour lequel Christ est mort. Et c’est vrai que cette phrase « choc » fait réfléchir. On se dit : pourquoi est ce que je me réjouis de voir un film qui met en avant, ou qui décrit des situations qui sont des situations de péché pour lequel le Christ est mort ? Pourquoi est-ce que cela m’attire ?

Mais en même temps, cette manière de réfléchir est incomplète, parce que si c’était vraiment cela, alors il ne faudrait pas non plus lire le livre des Juges, il ne faudrait pas non plus lire un certain nombre de sections de la Bible qui décrivent des choses pour lesquelles Christ est mort. Donc ce n’est pas tellement le fait qu’il y ait des descriptions (même si ça doit être pris en compte dans notre gestion de ce que l’on accepte ou de ce que l’on n’accepte pas) mais on doit veiller à l’influence que cela a, et si on a suffisamment de recul entre ce que l’on voit et ce que l’on doit vivre.

Pour un exemple : chez nous, la violence et la sensualité trop explicites étaient censurées en fonction de l’âge de nos enfants, mais aussi pour nous, Laurie et moi. On était assez attentifs au style de film que nous regardions ou que nous permettions que nos enfants regardent, là encore en fonction de leur âge. Lorsqu’on était aux Etats-unis une année, on a fait connaissance, on s’est rapproché d’un couple d’amis, lui était cadre chez Universal Studiol. C’est assez amusant parce qu’ils avaient une politique assez inverse vis-à-vis des films, ils étaient assez ouverts, raisonnablement, mais dans tous les cas, ils n’avaient pas du tout les mêmes filtres que nous. Ils étaient beaucoup plus ouverts concernant les films qu’ils regardaient, par contre ils étaient très fermes sur le style de musique qu’ils permettaient à leurs enfants d’écouter : Tout ce qui était au dessus du blues ou du gospel c’était  le monde, c’était proscrit.

Alors c’est amusant parce que, quand nos enfants allaient chez eux, ils rentraient les yeux grands ouverts des films qu’ils avaient vu et, quand leurs enfants venaient chez nous, ils rentraient avec les oreilles grandes ouvertes de ce qu’ils avaient entendu comme musiques plus contemporaines et plus musclées.

Chaque famille va devoir, devant Dieu, gérer le cadre qu’il permet. C’est important qu’il y est un cadre, c’est important qu’il y ait une discussion, mais il faut éviter les raccourcis. Je me souviens d’un pasteur qui disait que chez lui certains jeux étaient acceptés, sauf lorsqu’il y avait des dés et des cartes. Alors pourquoi cette restriction ? C’est vraiment difficile à comprendre, pourquoi bibliquement ce genre de restrictions ? C’est une famille assez légaliste, et ça a fait beaucoup de dégâts, parce que des règles qui n’ont pas de sens, qui ne sont pas explicites, vont vraiment briser la motivation d’un enfant, d’un adolescent qui va se dire : mais pourquoi je ne peux pas écouter telle ou telle musique ?

Il me semble qu’il y a un passage dans la Bible qui nous permet d’avoir un peu, un cadre général, et c’est en 1 Corinthiens. Nous lisons ce que l’apôtre Paul écrit ici : « Tout est permis, mais tout n’est pas utile; tout est permis, mais tout n’édifie pas. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui. Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans vous poser aucune question par motif de conscience; car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme. Si un non-croyant vous invite et que vous vouliez y aller, mangez de tout ce qu’on vous présentera, sans vous poser aucune question par motif de conscience. Mais si quelqu’un vous dit: Ceci a été offert en sacrifice! n’en mangez pas, à cause de celui qui vous a prévenu, et à cause de la conscience. Je parle ici, non de votre conscience, mais de celle de l’autre. Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère? Si je prends ma part avec actions de grâces, pourquoi serais-je calomnié pour ce dont je rends grâces? Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. Ne soyez une pierre d’achoppement ni pour les Grecs, ni pour les Juifs, ni pour l’Eglise de Dieu, comme moi aussi je me rends agréable en tout et à tous, cherchant, non mon avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu’ils soient sauvés. » [C’est en 1 Corinthiens 10. 23-33, tu pourras le lire à tête reposée]

Ce que je tire assez rapidement de ce texte, c’est que je dois rechercher ce qui édifie, et faire attention à ce que sont mes limites. Mes limites ne sont pas nécessairement les limites d’un autre. Et je dois à la fois comprendre mes limites, et comprendre les limites de mon frère. Je dois à la fois ne pas être une pierre d’achoppement pour moi-même, et ne pas être une pierre d’achoppement pour mon frère, pour mon conjoint, pour mes enfants, pour mes voisins. Les libertés que je m’accorde ne sont pas nécessairement les libertés que je dois imposer aux autres. Les restrictions que je m’impose ne doivent pas non plus être les restrictions que j’impose aux autres, ou les restrictions avec lesquelles je mesure la spiritualité des autres.

Donc il y a quelque chose qui doit être très personnel dans les limites que l’on se donne, et qui doit être très réfléchi. Je dois avouer avec simplicité qu’il y a des influences qui me détruisent. Je ne peux pas regarder (c’est mon exemple que je ne t’impose pas) les films avec une violence psychologique ou avec une violence réaliste : ça me détruit, ça me désole, ça reste avec moi. Peut-être parce que je vois trop de cette souffrance autour de moi et ça a un impact très négatif sur moi. Par contre la violence des films à la James Bond par exemple, c’est très différent parce que c’est très irréaliste mais ça ne change pas ma manière de voir (j’espère je ne suis pas aveugle quand je dis ça).

Je dois aussi accepter que ma liberté soit limitée par les dommages que ça crée chez les autres. Certains films blessent mon conjoint : je ne vais pas les regarder avec elle (mais je ne vais pas les regarder de toute façon) pour éviter que ce soit une pierre d’achoppement ou un découragement par rapport à ce que sont ses propres limites.

Je dois faire attention parce que certaines musiques, ou certains chants, certains films sont en quelque sorte de longues publicités. Leur orientation va me donner des idées sur la vie, qui ne sont pas nécessairement des idées que la Bible défend. A force de banaliser ou de justifier un certain nombre de comportements, moraux ou immoraux, je risque de me dire finalement : « ce n’est pas si grave que ça ». Donc j’ai besoin de rester vigilant sur le type d’influence et sur la quantité d’influence que je laisse à la culture.

Je ne dois pas minimiser ça en disant : si je regarde la télévision tous les soirs, je vais laisser cette télévision finalement abreuver mon esprit à un moment où je suis plus fatigué, plus vulnérable. Je dois prendre du recul sur le mode de vie qui m’est proposé, c’est quand même une forme de publicité.

En quelque sorte les caractères auxquels je m’attache, je m’identifie, vont générer petit à petit dans mon esprit, une certaine banalisation. Je dois prendre du recul et il me semble important de le faire pour toute influence que l’on a, y compris même dans les domaines où on s’imagine que ce n’est pas si influent que ça. Donc réfléchis à ce que tu permets, ce que tu ne permets pas. Tout est permis dans le domaine de la culture, à condition d’exclure évidemment toutes les notions de péchés et d’erreurs. Tu vois, là c’est un aspect de comment je vis dans le monde avec toutes les influences diverses et les perspectives morales diverses.

Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile, donc je dois veiller à ce qui m’édifie et ce qui édifie les autres. Bien sûr il y a beaucoup de choses, et je dois peut-être aussi le reconnaître, beaucoup de choses que la culture nous propose qui n’est pas édifiant, mais c’est simplement du chewing-gum pour la pensée. Après tout, si ce n’est que ça, on peut le garder avec soi quelques temps, mais tout en étant vigilant que ça ne devienne pas une idole, que ça ne devienne pas une glorification d’un certain mode de vie, d’un certain mode de comportement.