Un pasteur vous répond

Comment annoncer l'Évangile à quelqu'un qui a perdu un proche non-croyant? (Épisode 81)

Doctrine du péchéÉvangélisation

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Publié le

31 mai 2017

Dans l'épisode 81, Florent Varak aborde la délicate question de comment témoigner de l'Évangile auprès de quelqu'un qui vient de perdre un proche qui, selon toutes apparences, ne connaissait pas Dieu. Avec sagesse et délicatesse, il propose une réponse pratique, ainsi qu'une réflexion poussée sur l'enfer.

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Transcription:

Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont une aide mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. Cependant, n’hésitez pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance.

La question est posée: “Si nous connaissons une personne athée qui a perdu un proche et si nous estimons, même si Dieu seul peut le dire et peut accepter quelqu’un dans son royaume, que ce proche ne croyait pas en Dieu, comment annoncer l’Évangile à cette personne encore vivante et qui peut encore donc être sauvée ? À vrai dire cette question me taraude et me hante, merci.”

Merci pour la question. C’est sûr que ce sont des questions qui sont difficiles à aborder humainement et spirituellement, et très honnêtement je ne suis pas sûr que je puisse donner une réponse adaptée, parce que je ne connais pas cette personne ni cette situation. Mais on va prendre la question dans un sens général. On a tous été confrontés, ou on sera tous confrontés, à ce genre de problématique, alors voici une série de recommandations que je te laisses et à toi de voir si elles sont appropriées, ou plutôt lesquelles sont appropriées dans ta communication avec cette personne.

Quelques remarques générales :

La nouvelle naissance est toujours un miracle, indépendante du mérite et de la circonstance. Les hommes et les femmes sont spirituellement morts, et à moins que le Saint-Esprit ne vienne les réveiller pour les convaincre de péché, de justice et de jugement, ils ne croiront pas, en sorte que l’on peut et que l’on doit prêcher l’Évangile sans imaginer que seuls nos arguments gagnent les cœurs, et qu’il faut faire très attention, parce que si l’on ne dit pas quelque chose correctement, eh bien… Bien sûr nos arguments comptent puisque Dieu a choisi de les utiliser. Ce sont nos réponses pleines de douceur (1 Pierre 3.15) et la prédication de la croix (1 Corinthiens 1) qui sauvent. Dieu a prévu de sauver par nos paroles. Mais ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas imaginer que la justesse et la pertinence de nos paroles sont à ce point décisives. Je sais que le pire athée peut devenir soudainement amoureux de Jésus-Christ parce qu’il a entendu l’Evangile, et que c’est exactement ce qu’il avait à entendre. Je connais des témoignages de conversion de personnes qui étaient résolument contre l’Evangile, et la manière dont ils ont découvert l’Evangile n’était pas très sensible. Mais c’est le moyen que Dieu a utilisé pour les sauver. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il ne faut pas imaginer qu’il y a une recette magique pour convaincre quelqu’un de la foi et qui va lui donner le désir de se convertir. Ça reste toujours une œuvre de Dieu. Dieu est l’acteur principal de la conversion, nous sommes ses serviteurs, et en tant que ses serviteurs, on fait au mieux, avec le plus de clarté, de sensibilité possibles, mais le résultat est entre les mains de Dieu, il n’est pas le résultat de notre argumentation.

Deuxième remarque assez générale : dans les situations de souffrance, ce qui compte le plus, c’est quand même la présence, c’est l’amour que tu peux manifester, et moi je commencerais à témoigner de l’Evangile par un silence actif, par une présence pleine d’attention et d’affection. Un coup de fil régulier, des encouragements, des services rendus, à mon sens c’est par là qu’il faut commencer. C’est vraiment par là que l’amour de la vérité qui est en Christ peut se discerner.

Troisième remarque : je ne forcerais pas la discussion sur l’Évangile, mais je prierais dans le secret de ma chambre avec insistance pour qu’elle soit possible, particulièrement dans ces circonstances. Si je devais être amené, et si je devais sentir que le moment approche de parler de l’Évangile, je le ferais en posant des questions pour tester à la fois de l’intérêt de l’individu et pour voir quelles sont ses questions et comment je pourrais y répondre.

Maintenant, supposons qu’ayant fait tout ceci et ayant compris tout ceci, la question de la destinée éternelle de cet ami se pose, comment répondre ?

J’insisterais très nettement sur le fait que l’on ne peut pas savoir pleinement qui est sauvé, Dieu seul le sait. Dieu seul est capable de se révéler au dernier soupir d’un individu, et je crois que l’on ne maîtrise pas, que l’on ne connaît pas vraiment ce qui se passe dans les derniers moments d’un individu. Je peux imaginer que Dieu se révèle à des personnes qui sont en amont de leur dernier soupir et qui peuvent encore confesser, comme le brigand sur la croix, une confiance en Jésus-Christ.

Deuxièmement, selon le type de rapport que tu as avec cet ami, cette personne. Je me souviens des propos d’un collègue qui faisait les obsèques d’une personne qui était un pécheur notoire, et tout le monde le savait (dans un contexte assez évangélique, un gars qui avait rejeté la foi, c’était assez explicite et tout le monde savait ça) et tout le monde se demandait ce que le pasteur allez bien pouvoir dire à ce sujet. Et donc il a évoqué très humblement : “Très sincèrement je ne peux pas vous dire s’il est en enfer ou s’il est au paradis, ça appartient à Dieu, et on ne sait pas ce qui se passe dans les cœurs au dernier moment”, comme je viens de l’évoquer. Mais il a dit la chose suivante : “Quoi qu’il en soit, quel que soit l’endroit où il se trouve maintenant, il aimerait que je vous dise ceci”. Et j’ai trouvé que c’était assez pertinent. Alors bien sûr, ça demande beaucoup de courage et ça dépend encore une fois du type de relation que tu as ou que tu peux avoir avec cette personne, mais il est vrai que les personnes qui sont séparées de Dieu, aujourd’hui dans le séjour des morts, comme en atteste Luc chapitre 16, intercèdent pour ceux qui n’y sont pas encore, pour qu’il n’y aillent pas. Et donc quel que soit le lieu où l’individu se trouve, il prie pour toi, pour que tu découvres Jésus-Christ, et ça c’est un propos qu’il faut maintenir.

Troisièmement, l’enfer pour le cas où ce serait une sorte de “puisqu’il est en enfer je voudrais le retrouver” : l’enfer n’est jamais un lieu de fraternité ni de communion. Il n’y a aucun avantage ni plaisir, ni bonheur à rejoindre un être que l’on a aimé sur cette terre. D’abord parce que le type de lien que nous aurons les uns avec les autres après la mort sera très différent et qu’il sera perdu, notamment dans le contexte de l’enfer, et qu’il n’y a pas à anticiper une sorte d’amitié à nourrir pendant ce séjour éternel dans l’enfer, en sorte que l’on puisse espérer vivre quelque chose en enfer. Il n’y aura pas de vécu les uns avec les autres, puisque la réalité du regret, la réalité de la conscience du péché et d’avoir craché en quelque sorte, par négligence au visage de Christ, de celui qui lui tendait une main sera le quotidien. Quelque part, l’égoïsme des cœurs humains sera amplifié dans cette absence de toute grâce commune de Dieu, chose que nous expérimentons aujourd’hui. Nous qui sommes mauvais, nous savons donner de bonnes choses à nos enfants, mais ça c’est un fruit de la grâce commune de Dieu qui ne sera pas active en enfer, si je comprends bien les textes. Le regret éternel concentrera le regard des perdus sur le regret de ne pas avoir saisi l’Évangile, pas sur le regret d’une relation perdue où qu’on aimerait cultiver

Quatrième remarque : l’incrédulité se nourrit de beaucoup d’excuses. L’enfer des autres peut en faire partie. Je connais d’ailleurs une personne qui se présente en humaniste, et qui revendique de vivre avec ceux qui seront rejetés comme si c’était une sorte de lettre de noblesse : “Je veux être avec ceux qui seront exclus de Dieu, je ne veux pas faire partie de ceux que Dieu inclurait si d’autres en seraient exclus”. Mais en cela il y a une revendication ici qui est très orgueilleuse, très arrogante et qui cherche à mettre en avant une sorte de bonté naturelle qui n’est pas réelle. Jean chapitre 3 versets 19 à 21 dit la chose suivante : “La lumière est venue dans le monde et les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises, car quiconque fait le mal a de la haine pour la lumière, ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne soient réprouvées. Mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière afin qu’il soit manifeste que ses œuvres soient faites en Dieu.” Ce que je veux dire par là, c’est que si les gens ne viennent pas à la lumière, ce n’est pas parce qu’ils auraient une raison humaniste et bonne  : “Je ne viens pas à la lumière parce que Dieu a rejeté mes amis et donc je veux rester avec mes amis, c’est injuste ce qui leur arrive”. En fait en disant cela, ils sont en train de révéler le vrai visage de leur conception de Dieu. Ils utilisent donc une raison qu’ils ont pour repousser Dieu, et je suggère que c’est une manière d’exprimer son rejet de Dieu en accusant son caractère à Dieu. C’est de dire à Dieu : “Tu n’es pas bon en rejetant mon ami, donc je ne viens pas vers toi, je préfère être avec mon ami.” Et l’idée sous-jacente, c’est que Dieu est méchant, dur, et qu’il vaut mieux le fuir, et qu’on est mieux loin de lui. Et c’est exactement l’état d’esprit que l’on retrouve dans la parabole des talents, avec cette personne qui enfouit le seul talent qu’elle avait reçu, la seule vie que Dieu lui avait donnée, les seules opportunités que Dieu lui avait données. Elle les a cachées pour les rendre à Dieu au moment où il reviendrait et en disant de lui des choses assez abjectes. Et Dieu dit “Qu’il te soit fait selon la compréhension que tu as de moi”.

Cinquièmement : la compréhension du péché, quand elle naît, donne aussi une compréhension du jugement. Le mérite de celui qui est décédé, et qui est ensuite éventuellement en enfer, devient dérisoire. Il n’a aucun mérite. La personne qui survit peut ainsi comprendre et réaliser que le jugement de Dieu est sage et parfait, et qu’ainsi il peut être apaisé par rapport au jugement à venir. D’ailleurs, il faut souligner que je ne crois pas que nous pourrons passer l’éternité au paradis à craindre ce qui s’est produit pour nos bien-aimés, ou ce qui se produira encore dans la vie de nos bien-aimés qui seront en enfer.

Pourquoi ? Parce qu’à ce moment-là, nous aurons une juste vue du péché dans son horreur, une juste vue du jugement de Dieu dans sa justesse, et une juste vue de l’amour de Dieu dans tout ce qu’il a fait pour sauver. En sorte qu’il n’y aura aucune amertume de notre côté vis-à-vis de ceux qui ne seraient pas avec nous. Nous serons totalement d’accord avec Dieu, il n’y aura aucune dissonance dans la manière dont Dieu aura traité les uns et les autres, et ça fait partie de la sagesse que le Saint-Esprit peut donner à une personne qui réalise que finalement, la destinée des hommes est entre les mains du Dieu créateur, totalement juste.

Sixièmement, il faut aussi souligner qu’il n’a en fait aucune idée de la manière dont cette personne aurait réagi à la présentation de l’Évangile. Il faut bien réaliser que finalement, devant la présentation de l’Évangile, il y a un certain nombre d’individus – l’essentiel des individus, qui disent “Je n’en veux pas. Je ne souhaite pas cette grâce imméritée de Dieu”, et qui dit que cette personne, si elle avait eu l’opportunité d’entendre davantage la bonne nouvelle de Jésus-Christ, aurait pris une décision en faveur de cet Évangile ? On ne le sait pas, et à ce titre on ne sait pas non plus quelles ont été les occasions que cette personne a pu avoir dans son passé, de lire un Évangile et qu’elle aurait consciemment rejeté.

Enfin, et c’est la dernière et septième remarque : je voudrais souligner que l’enfer et le paradis reflètent en fait un désir profond de Dieu. Une personne qui rejette Dieu serait triste au paradis, parce que Dieu en est le personnage central. En sorte qu’il ne faut pas s’appesantir sur cette réalité. Les gens qui ont rejeté Dieu, alors que la gloire de Dieu était manifeste (c’est ce que nous dit Romains 1 : la nature atteste de la gloire de Dieu), seraient très malheureux d’être sauvés malgré eux.

Il y aura vraiment un apaisement complet à la fin des temps lorsque nous serons devant ce grand jugement, de réaliser que le jugement de Dieu est juste, que son salut est un sauvetage extraordinaire, et qu’il est normal qu’il soit donné par une grâce imméritée, selon une foi qui est exprimée dans une adoration et un amour de Dieu, et que ceux qui ne l’ont pas exprimée sont totalement et légitimement éloignés de Dieu. Cela reflète en fait le profond désir intérieur de leur cœur.

J’espère que j’ai été suffisamment clair, je suis conscient que c’est une question qui est difficile, et qui est difficile aussi à manier quand on est confronté à des gens qui souffrent, mais peut-être ici et là il y a quelques éléments qui te seront utiles dans ce dialogue.