Un pasteur vous répond

Quelle est la meilleure traduction de la Bible? (Épisode 19)

Doctrine de l'Écriture

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Publié le

24 févr. 2016

L’épisode 19 répond à ce qui est (étonnamment?) une des questions les plus posées sur le blog. Vous êtes nombreux à nous demander: « Quelle est la meilleure traduction de la Bible? » Réponse de Florent Varak. À écouter en intégralité pour ne pas rater la punch-line.

Le problème du choix de version se pose en particulier parce que la langue française est riche de nombreuses traductions bibliques. Une bénédiction qui rend le choix difficile. Florent Varak répond en donnant des précisions qui aideront à comprendre comment choisir « sa » traduction.

Il répond aussi à la question: « Est-ce que Dieu autorise de traduire la Bible? » En effet, certaines religions ne voient pas d’un bon œil la traduction de leurs écrits. Florent relève des éléments qui prouvent que le Dieu de la Bible veut qu’on traduise sa Parole avant de nous rappeler LA chose qui fait d’une version « la meilleure traduction de la Bible ».

Dans cet épisode, Florent recommande le livre d’Alfred Kuen: Une Bible… et tant de versions!

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription:

Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont une aide mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. Cependant, n’hésitez pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance.

Il n’existe aucune traduction parfaite de l’Ecriture. Chacune présente ses charmes, ses difficultés, ou en tout cas ses aspérités par rapport à ce que l’on voudrait trouver, ou qu’on aimerait trouver, ou en comparant les unes avec les autres. Si tu veux aller plus loin sur la question, je te conseille la lecture du livre d’Alfred Kuen, ‟Une Bible… et tant de versions!”; ça te plantera le décor, ça expliquera davantage ce que je peux dire ici en quelques minutes.

Quelques remarques sur cette problématique:

– Première remarque: seuls les textes originaux sont inspirés de Dieu et ont cette autorité.

Nous croyons, et c’est la croyance des chrétiens dans pratiquement toute l’histoire, en tout cas des chrétiens qui sont attachés à l’Ecriture, nous croyons que Dieu a inspiré l’Ecriture, c’est-à-dire qu’il a supervisé le processus de rédaction, que ce soit parfois en parlant directement aux prophètes qui vont noter, ou en conduisant la réflexion d’une personne: c’est Salomon qui réfléchit au sens de la vie; parfois c’est un poème qui est écrit comme David qui écrit les Psaumes; ou une lettre que l’apôtre Pierre rédige.

Nous croyons que, comme le dit 2 Timothée 3.16: « Toute Ecriture est inspirée de Dieu. » Ce que ça veut dire, c’est que chaque mot de l’original correspond exactement à ce que Dieu voulait communiquer, donc les sources sont inspirées, les premiers écrits sont inspirés, mais pas nécessairement les traductions ni même les copies de ces manuscrits qui ont été réalisées au fil des siècles.

L’apôtre Pierre dit la chose suivante en 2 Pierre 1.21: « C’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » C’est important de réaliser qu’on peut vraiment avoir confiance dans les originaux, on peut vraiment avoir confiance sur le fait qu’étant inspirés, ils sont inhérents c’est-à-dire infaillibles, incapables de nous tromper, qu’ils reflètent exactement la réalité et ce que Dieu voulait nous communiquer. Par contre, peu d’entre nous sommes capables de lire en hébreu ou en grec indifféremment; l’hébreu pour l’ancien testament, avec quelques sections en araméen, et puis le grec pour le nouveau testament. Et puis il se pose la question également des manuscrits que nous pouvons avoir.

– Deuxième remarque: Dieu est pour les traductions. Il ne faut pas imaginer que l’on perde tant que ça.

Finalement, on perd un peu, mais pas tant que ça avec la traduction. L’ancien testament était écrit en hébreu et au deuxième siècle avant Jésus-Christ, un groupe de sages a traduit la Bible hébraïque en grec: c’est devenu la version dite des Septantes, une version qui est très importante pour comparer parfois le sens de l’hébreu et du grec. C’est une traduction, mais ce qui est intéressant, c’est que dans le nouveau testament, nous voyons que les apôtres ont souvent cité l’ancien testament à partir des Septantes.

A partir de ce moment-là bien sûr, on peut dire que ces sections citées étaient inspirées parce qu’elles ont été consignées dans l’original en grec, mais cela nous montre en tout cas l’encouragement que Dieu voudrait nous communiquer sur cette idée et sur l’importance d’une traduction. Ce n’est pas comme dans d’autres spiritualités ou d’autres religions où il faut apprendre la langue originale ou apprendre à réciter. Par exemple c’est très important d’apprendre à réciter le Coran en arabe, même si on ne le comprend pas, parce que c’est associé à des vertus. Dans la Bible, sans le sens, ça ne signifie rien.

– Troisième remarque: quelles sont les sources?

Puisque seules les sources originales sont inspirées, comment peut-on avoir accès ou être sûr que lorsque l’on traduit de l’hébreu et du grec nous ayons cette confiance qu’ils sont vraiment proches des originaux?

Je te donne un exemple: pour le nouveau testament, nous avons à peu près 5000 manuscrits qui couvrent le nouveau testament. Il y a des gens qui sont des experts sur la comparaison de ces manuscrits, c’est un travail fastidieux, mais il y a des gens qui les comparent et qui remarquent qu’il y a des familles de manuscrits, des familles très stables, mais peut-être un peu plus anciens, des familles de manuscrits plus vieux, mais un petit peu différents ici et là, et donc tout le travail de comparaison permet de voir ce qui est commun à tous et les endroits où on est un petit peu moins sûr.

Je voudrais vraiment que tu sois rassuré: il y a des différences entre ces manuscrits, mais c’est essentiellement des différences d’orthographe, parfois des oublis de mots ou, encore plus rarement, des sauts de phrases. On se l’explique facilement: si tu avais la responsabilité de recopier le journal Le Monde par exemple, et si tu devais le faire vite et que tu n’avais pas l’habitude, il est très probable que tu sautes une ligne, que tu oublies un mot. Et c’est un peu ce que l’on a dans ces manuscrits.

Il y a parfois des différences, mais ces différences nous permettent aussi de réaliser qu’il y a une incertitude sur le texte à hauteur de 0,1 à 0,3% selon les estimations, selon le travail de ces experts. 0,1 à 0,3% des mots sont problématiques: c’est énorme la précision que nous avons et l’assurance que nous avons sur la fidélité de la transmission. Quand je dis 0,1 à 0,3%, on sait quels sont les passages où il y a plus de doutes: la fin de l’évangile de Marc (chapitre 16), l’histoire de la femme adultère en Jean 8, une phrase en 1 Jean, et puis un certain nombre de mots ou d’expressions qui sont problématiques. Mais pour tout le reste, on est assez confiant que ça a été transmis fidèlement. Par rapport à l’ancien testament, avec les documents de la mer Morte, on a vu à quel point Dieu avait préservé le processus de copie de l’ancien testament, parce qu’en comparant, même si parfois l’orthographe est différent, le sens est absolument similaire, il y a une grande précision, une grande qualité de la transmission.

Les Bibles dites scientifiques en quelque sorte, en hébreu et en grec, que nous avons sont vraiment dignes de confiance et on peut les traduire avec cette incertitude ici et là. C’est pour ça que les Bibles modernes un peu sérieuses indiquent dans leurs notes de bas de page « on n’est pas sûr », « cette expression se trouve dans ces manuscrits-là mais pas dans les autres ».

Donc on peut avoir vraiment confiance que la traduction que nous avons, si elle est bien réalisée, s’appuie sur des documents fiables. Ca explique les différences entre les traductions: certains s’appuient plus sur les textes reçus (cf. ‟Une Bible… et tant de versions!”, Alfred Kuen), d’autres s’appuient sur des versions plus scientifiquement reconstituées, à partir d’exemples de manuscrits qui sont estimés plus fiables, plus importants, plus proches des originaux (ça c’est une discussion d’experts).

– Quatrième remarque: les traductions sont différentes parce qu’elles utilisent des principes de traduction différents.

Il y a des traductions que l’on va qualifier d’équivalence formelle, littérale; on essaye de calquer la manière de parler des originaux et la manière de parler aujourd’hui, on essaye d’être très littéral. La Bible darbyste est probablement la plus connue qui cherche à traduire de cette manière.

Il y a des traductions qu’on va qualifier de plus contemporaines (en français courant, Parole de vie) où il s’agit de trouver des équivalents dans le sens, de parler de façon beaucoup plus contemporaine, de traduire non pas simplement les mots qui sont enchaînés les uns avec les autres, mais le sens de ces mots-là.

Et il y a des traductions qui se veulent un peu entre les deux: la Colombe, la Segond21, seront un petit peu plus proches du texte original, la Semeur sera un petit peu plus proche d’une équivalence dynamique de ces textes. Chacune de ces Bibles offre vraiment un intérêt particulier, on se rend compte en les comparant qu’on apprend les mêmes choses un peu différemment.

Il y a aussi ces Bibles de cœur, des Bibles qui sont associées à une église ou une tradition d’église: la Bible de Jérusalem pour les catholiques est incontournable par exemple.

Et puis il y a des traductions qui sont provocatrices, provocantes, qui ne cherchent pas nécessairement à retranscrire de la même manière le texte: la Bible Chouraqui est très très amplifiée pour tenter de faire ressortir l’idée de l’hébreu, pas mal de ses choix sont contestables mais ça donne une autre couleur.

Enfin, il existe de très mauvaises traductions dont il faut s’éloigner: la traduction des témoins de Jéhovah est une traduction qui est un parti pris théologique et qui impose à ce texte les préjugés théologiques de ce mouvement. En plus c’est une traduction de l’anglais, c’est pour moi très problématique.

Deuxièmement, la traduction française de la King James est une aberration. C’est un projet hallucinant qui considère que la King James serait inspirée et qui cherche ensuite à le traduire de l’anglais en français en considérant que c’est la version qu’il faut utiliser. Ça, ce sont des mauvais choix et il faut les écarter.

– Cinquième remarque: quelle est la meilleure traduction de la Bible?

Beaucoup de ces Bibles sont excellentes, et l’idéal c’est de pouvoir simplement les comparer. Les outils informatiques, que ce soit Logos ou Bible online, ou que ce soit d’autres, te permettent de comparer, de mettre sur ton ordinateur ou ta tablette différentes versions de la Bible. Si tu veux étudier un passage particulièrement, lis la darbyste, la Semeur, Parole de vie, etc, fais toi un peu une idée de ce que chacune de ces traductions dit, et puis ça va embellir ta compréhension de ce texte et te faire grandir.

Pour répondre en une phrase, et je crois que c’est ça qu’il faut retenir: quelle est la meilleure traduction de la Bible? J’espère t’avoir montré qu’il n’y a pas une traduction meilleure, mais dans un certain sens « la meilleure traduction de la Bible, c’est celle que tu lis tous les jours ». La réponse ne vient pas de moi, je l’ai entendue et je la retranscris, je trouve qu’elle est très pertinente.

À un moment donné il faut faire un choix et vivre avec. Moi j’aime beaucoup la Colombe puisque c’est comme ça que j’ai grandi depuis ma conversion, mais je me rends compte qu’elle est maintenant un petit peu vieillissante. Chaque année je change: l’année dernière j’ai lu toute la Segond21, cette année je lis la NBS (Nouvelle Bible Segond) et chaque année j’essaye de modifier un peu ma lecture pour être surpris de la manière dont certains textes sont traduits différemment.

Ce qui est important, c’est que chaque jour tu lises la Bible, et que chaque jour tu t’imprègnes de ce que la Bible dit; que tu ais confiance que si tu n’as pas accès à l’original, si tu n’as pas accès au grec et à l’hébreu, tu as quand même vraiment une Parole qui est susceptible de te faire grandir à l’image de Jésus-Christ. Tu peux avoir confiance en ça et profiter pleinement du travail des traducteurs qui te permet de comprendre le plan de Dieu et la personne de Dieu et le salut de Dieu qu’il t’accorde en Jésus-Christ.