Un pasteur vous répond

Pourquoi le nom de Dieu n'est pas mentionné dans le livre d'Esther? (Épisode 114)

Herméneutique

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Publié le

02 mars 2018

Dans l'épisode 114, Florent Varak répond à une question portant sur le livre d'Esther. Un auditeur a souligné que le nom de Dieu n'est pas présent dans ce livre... Quelle en est la raison?

Transcription:

« Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.comNous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance. »

La question du jour est la suivante : « Bonjour pasteur ! J’aimerais savoir pourquoi le nom de Dieu n’est pas mentionné dans le livre d’Esther ? »

Effectivement tu as raison, le nom de Dieu n’est pas mentionné dans le livre d’Esther. C’est d’ailleurs l’un des deux livres de l’ancien testament qui ne mentionne pas le nom de Dieu. Le second, c’est le Cantique des cantiques. Et cela a surpris les commentateurs, les lecteurs de la Bible, qui se sont interrogés parfois même sur le statut de ces livres, pourquoi est-ce qu’ils faisaient partie du canon c’est-à-dire de la Bible.

Alors je te rassure sur cette question, le peuple de Dieu a compris néanmoins qu’il faisait partie du canon que le Saint-Esprit avait inspiré pour notre édification et notre instruction. Il y a plein de choses à apprendre de ces deux livres et je vais concentrer mon attention sur le livre d’Esther puisque c’est là ta question.

Il n’y a pas de réponse explicite, à ma connaissance, dans le livre de la Bible qui expliquerait l’absence du nom de Dieu dans le livre d’Esther. Donc, je vais te citer quelques-unes des raisons qui ont été évoquées par des commentateurs, des gens plus sages que moi qui ont réfléchi à la question.

Alors certaines traditions juives affirment que Mordekhaï aurait écrit le livre d’Esther alors qu’il résidait encore en Perse. Il aurait peut-être voulu éviter de heurter les sensibilités des perses, de créer une situation un petit peu de, une tension renouvelée à l’encontre des juifs. C’est une des possibilités, ça ne me convainc pas vraiment, mais en tout cas c’est une possibilité qui a été évoquée.

D’autres professeurs de judaïsme considèrent au contraire que l’histoire a été écrite par des juifs de Judée et ces gens considéraient que les juifs vivants à l’extérieur d’Israël ne menaient pas une vie très « casher » , ne menaient pas une vie très honorable. En quelque sorte, c’est pas comme s’ils pouvaient prétendre à une communion identique à la leur, avec le Dieu d’Israël. En conséquence, le livre d’Esther aurait raconté une histoire, mais pour bien marquer le coup que c’était pas la même relation que les juifs en dehors de la terre sainte avaient avec Dieu, eh bien ils avaient délibérément omis de mentionner le nom de Dieu comme pour dire « c’est en Israël que l’on vit avec Dieu et ce n’est pas dans la diaspora » c’est-à-dire dans l’éloignement de la, l’éparpillement des juifs en dehors de la terre sainte. Le problème bien sûr, c’est que cela ne corrobore pas la manière dont les prophètes de l’ancien testament parlent de la vie des juifs en dehors de la terre sainte. Par exemple c’est évident en lisant Jérémie à quel point eh bien, Dieu était dans ce jugement qui a conduit le peuple d’Israël en dehors de sa terre, et que Dieu était présent avec son peuple. Dieu d’ailleurs, dans son omniscience, est présent là, manifeste sa présence comme il a envie de la manifester partout dans le monde. Donc c’est probablement pas non plus une très bonne interprétation de supposer cette perspective.

Peut-être aussi que Mordekhaï ni Esther n’ayant vraiment brillé par leur piété, on se rend compte que ce ne sont pas des héros de la foi ces gens, en tout cas, ni Esther ni Mordekhaï ne se soucient des lois morales et éthiques du judaïsme : on ne voit pas Esther suivre un régime particulier par exemple comme le faisait Daniel et ses compagnons, son éthique sexuelle est problématique, en tout cas au regard de la loi de l’ancien testament. Donc est-ce que les auteurs ou l’auteur du livre d’Esther voulaient montrer que, voilà, Dieu est intervenu malgré l’impiété de ces gens, et par pudeur pour cette réalité, n’auraient pas voulu mettre en avant le nom de Dieu ? C’est une possibilité. En même temps je regarde que dans la Bible, il n’y a qu’un seul héros n’est-ce pas, c’est Jésus-Christ; les autres sont très approximatifs. Que l’on pense à David, que l’on pense à Salomon, que l’on pense à Pierre, que l’on pense à tous ces personnages, on réalise que malgré leur grandeur dans l’impact qu’ils ont eu dans le plan de Dieu, c’est souvent des gens faibles qui avaient aussi besoin de sanctification, qui avaient aussi besoin de grâce, de pardon. En tout cas, si on ne peut pas être certain de la raison qui fait que le nom de Dieu n’est pas mentionné dans le livre d’Esther, je crois qu’il ne faut pas se leurrer : Dieu est implicitement présent à chaque page du livre d’Esther, mais il ne l’est pas de façon miraculeuse, il ne l’est pas de façon ostentatoire. Dieu est présent par sa providence c’est-à-dire qu’il intervient en conduisant par le biais de causes naturelles, à nos yeux en tout cas, il intervient par le biais de situations totalement banales, par exemple un roi qui a des insomnies. Et comme par hasard ce jour-là, il a des insomnies, et ce jour-là comme par hasard, il fait venir quelqu’un qui va lui lire les Chroniques qui lui rappelle que quelqu’un lui a sauvé la vie et qu’on ne l’a pas honoré. Et comme par hasard, c’était la veille du moment où on voulait mettre cet homme à mort.

Donc il y a plein de « hasards » (entre guillemets) qui parcourent le livre d’Esther, où on voit qu’il n’y a pas de hasard du tout, Dieu était derrière ces événements, il conduisait en sous-main parce qu’il règne et qu’il règne sur toute chose, et que c’est admirable la manière dont il règne, même si ce n’est pas par le biais de miracles comme ça a été le cas avec Moïse, ou ça a été le cas avec Josué parfois. D’ailleurs on voit dans le chapitre 4, il y a une sorte de prise de conscience : Esther appelle son peuple à jeûner – généralement le jeûne s’associe de prières – et donc on voit quand même qu’elle a la réalisation qu’elle ne peut pas par elle-même réaliser des grandes choses, et qu’elle a besoin de s’appuyer sur l’intervention de Dieu. La providence de Dieu se voit aussi en Esther 4.14-15 où il dit « Si tu persistes à garder le silence dans les circonstances présentes, le salut et la délivrance viendront d’ailleurs pour les Juifs, alors que toi et ta famille, vous périrez. D’ailleurs, qui sait si ce n’est pas en vue de telles circonstances que tu es devenue impératrice ? » Et donc dans ce propos qui est tenu ici par l’oncle d’Esther, on réalise qu’il a tout à fait conscience qu’il y a un Dieu au-dessus des événements qui conduit les événements. Et donc, on ne peut pas dire que Dieu soit absent du livre d’Esther même si le nom de Dieu est absent du livre d’Esther.

Finalement l’un des thèmes sous-jacents du livre c’est que Dieu agit providentiellement, il agit sur les événements aussi directement et aussi puissamment que dans d’autres moments de l’Histoire, mais là, c’est sans qu’il apparaisse, sans miracle, sans intervention directe qui serait spectaculaire. Dieu est aux commandes autant quand il agit avec puissance et qu’il est visible que quand il est discret.

Et ça, ça peut être une leçon pour nous.

Nous aimerions tous voir quantité de miracles comme au temps du livre des Actes, comme au temps des évangiles, et on se dit souvent « Ah mais si seulement il y avait plus de piété pour qu’il y ait plus de miracles » . Mais en fait, les miracles sont là pour poser un fondement, pour être des signes indicateurs d’un grand moment de rédemption, mais ça ne veut pas dire que Dieu n’agit que par des miracles et que par des interventions puissantes. Parfois son œuvre se fait de façon tout à fait naturelle, mais c’est tout aussi puissant, simplement ça requiert l’œil de la foi, l’œil de la confiance, l’assurance dans les promesses de l’Ecriture que Dieu règne. Et même si il ne règne pas comme on voudrait et de façon aussi visible.

Je vais te citer pour conclure quelques versets du Psaumes 135 qui nous montrent à quel point Dieu règne sur l’ensemble de la création. Tu sais que la Bible dit que Christ a créé toute chose et qu’il soutient toute chose encore aujourd’hui. Donc le fait qu’il y ait la gravité, le fait qu’il y ait, je parle là de la loi de la gravité, le fait qu’il y ait de la vie, le fait qu’il y ait un ensemble fonctionnel dans la nature, c’est encore le fruit de son soutien par les lois qu’il a lui-même créées, par l’ensemble de son œuvre, et c’est beau et c’est magnifique à observer. Il ne faudrait pas que tu imagines qu’une vie sans miracle aujourd’hui, c’est une vie où Dieu n’est pas intervenu.

En fait une vie sans miracle aujourd’hui, c’est une vie qui peut être remplie de sa présence, remplie de son intervention et qui est déjà remplie de sa garde et de son attention. Psaumes 135.6-20 « L’Eternel accomplit tout ce qu’il veut au ciel et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes. Des confins de la terre, il fait monter les brumes. Il lance les éclairs au milieu de la pluie, il fait lever le vent qu’il tenait en réserve. C’est lui qui a frappé les premiers-nés d’Egypte depuis les hommes jusqu’au bétail. Il a réalisé des signes extraordinaires et des prodiges en plein cœur de l’Egypte contre le pharaon et contre tous ses serviteurs. C’est lui qui a frappé des nations en grand nombre et qui a abattu des souverains puissants : Sihon, le roi des Amorites et Og, roi du Basan, et tous les rois de Canaan. Puis il donna leurs terres en possession à Israël son peuple. Ô Eternel, ta renommée demeure pour l’éternité, et ton renom, ô Eternel, subsiste d’âge en âge. Car l’Eternel rend justice à son peuple, il a une grande tendresse pour nous ses serviteurs. Les idoles des peuples, d’argent et d’or, sont faites par des hommes; elles ont une bouche, mais ne peuvent parler, elles ont bien des yeux, mais elles ne voient pas. Elles ont des oreilles, mais qui n’entendent rien. Et pas le moindre souffle ne se trouve en leur bouche. Ils leur ressembleront tous ceux qui les fabriquent et tous ceux qui leur font confiance. Ô peuple d’Israël, loue l’Eternel ! Descendant d’Aaron, louez tous l’Eternel ! Descendants de Lévi, louez tous l’Eternel ! Vous qui révérez l’Eternel, louez tous l’Eternel ! »

C’est un hymne bien sûr à l’intervention de Dieu, et tu remarqueras que dans ce Psaume 135 on alterne entre les interventions qui sont de l’ordre naturel, des lois de la nature, avec des interventions qui sont surnaturelles, Dieu qui intervient directement. La Bible dit que Dieu règne et il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis, oui tous ses ennemis sous les pieds de Jésus-Christ (1 Corinthiens 15.25). Et donc Dieu réalise son œuvre et même si son nom n’est pas nécessairement directement attribuable en cause immédiate, en cause seconde il est celui qui, en cause principale plutôt je devrais dire, il est celui qui dirige l’humanité, qui dirige son chemin et c’est ce que l’on trouve dans le livre d’Esther.