Un pasteur vous répond

Pourquoi le repos du sabbat n'est pas pratiqué le samedi? (Épisode 64)

Sabbat

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Publié le

01 févr. 2017

L'épisode 64 traite de la question du repos du sabbat et plus particulièrement de quel jour le pratiquer. Pour y répondre Florent Varak commence par la lecture de Deutéronome 5.12-18, il développe ensuite les différentes caractéristiques du sabbat puis cite des textes du nouveau testament qui nous permettent d'avoir un aperçu des pratiques de l'église primitive. Afin de conclure Florent Varak fait la lecture d'une citation de Jean Calvin sur le sabbat.

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Transcription:

« Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont une aide mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. Cependant, n’hésitez pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance. »

La question est posée : “Pourquoi le repos du sabbat n’est-il pas le septième jour comme Dieu l’a ordonné dans ses commandements, sachant que le dimanche n’est pas le septième jour, mais le premier jour de la semaine ? Merci de me répondre s’il vous plaît, soyez bénis !”

Merci de la question, elle est effectivement légitime, comme toutes les questions que l’on reçoit sur le site, c’est chouette !Alors on va parler un peu du jour du Seigneur. Cela nous vient du quatrième des dix commandements qui instaure la loi suivante. Je lis en Deutéronome 5.12-18 : “Observe le jour du sabbat, pour le sanctifier, comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a commandé. Tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni tout ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu : c’est pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de célébrer le jour du sabbat”.

Le commandement est limpide, il est explicite, même s’il est très difficile à mettre en pratique. Et d’ailleurs, les juifs ont beaucoup de mal à le cerner. Il existe des centaines, quasiment, de recommandations et de prescriptions pour essayer d’encadrer ce commandement simple qui est de consacrer un jour pour le Seigneur.

C’est l’un des deux commandements positifs du décalogue. Il met à part le septième jour. Ce commandement possède une dimension humaine, avec l’ordre de cesser toute activité productrice comme Dieu lui-même l’a fait à la Création. Il y a aussi une dimension sociale imposée à ses proches, y compris les animaux. Je trouve que c’est une chouette préoccupation, c’est un progrès social indéniable de pouvoir inclure cette perspective dans nos mentalités souvent très orientées sur le profit et l’hyperactivité.

Ce commandement présente aussi une dimension spirituelle avec l’ordre de célébrer la délivrance d’Égypte, délivrance d’une servitude, d’un esclavagisme. Tu connais, j’espère, “Le prince d’Egypte” et tout ce que ce film nous rapporte des événements d’Exode 12 : il y a un jugement terrible sur l’Égypte qui gardait Israël esclave et Dieu vient sauver Son peuple. Et c’est en lien avec ce septième jour.

Dans le Nouveau Testament, Jésus se présente comme le maître de cette loi et lui confère sa juste place. “Puis il leur dit: Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat.” Marc 2.27-28. Il est absolument indéniable que Christ ici est au-dessus, en quelque sorte dépositaire, capable de réguler cette loi par son autorité. Bien sûr, Il est Dieu le Fils et Il a toute autorité.

Alors la question se pose de savoir si le sabbat doit être respecté de nos jours. C’est un peu le sens de la question que tu m’as posée. Est-ce que les chrétiens ont tort de se réunir le dimanche?

Des Églises messianiques, c’est à dire composées de Juifs devenus disciples de Jésus, c’est à dire croyant que Yeshoua est le Messie promis d’Israël, respectent à juste titre le sabbat pour faciliter l’impact de l’Évangile. Je trouve que c’est absolument dans le sens d’1 Corinthiens 9 de “se faire tout à tous afin d’en toucher le plus grand nombre”. Donc il est tout à fait légitime que ceux et celles qui estiment que par leur culture, par leur appel et par leur proximité à l’Ancien Testament, au Tanakh, ils ont besoin de respecter le jour du Seigneur comme le septième jour : ils doivent absolument le faire, c’est une très bonne chose.

Un autre groupe, les Adventistes, exige aussi une célébration le samedi, jour de rencontre avec Dieu, selon le vingtième article de la confession de leur foi. Je lis : “Au terme des six jours de la Création, Dieu s’est reposé le septième jour et a institué le sabbat comme mémorial de la Création pour toute l’humanité. Le quatrième commandement de la loi divine requiert l’observation de ce septième jour de la semaine comme jour de repos, de culte, en harmonie avec les enseignements et l’exemple de Jésus. Le sabbat est un jour de rencontre avec Dieu et entre croyants. Il est le signe permanent de l’alliance éternelle de Dieu avec les hommes.” Pour les Adventistes, le sabbat est quelque chose qui est fondamental, qui fait partie de leur confession de foi et qui doit être pratiqué, c’est pourquoi les Adventistes se réunissent le samedi.

Un troisième groupe se réunit le sabbat : là, je veux mentionner des sectes judaïsantes. Vraiment j’emploie le terme de “secte” : j’ai rencontré au cours de mon travail pastoral des hommes et des femmes qui ne deviennent pas juifs, mais presque. C’est-à-dire qu’ils intègrent totalement les éléments de l’Ancien Testament, au point que cela devient une préoccupation principale : ils oublient de voir combien Christ est l’accomplissement même des lois de l’Ancien Testament, qu’il faut les regarder au travers de ce prisme, qu’ils deviennent vraiment des judaïsants, c’est-à-dire que c’est difficile de les distinguer : Ils ont le mot Jésus à la bouche, mais ce n’est pas Jésus qui est au centre de leur culte, de leur salut et le moteur de leur pratique. C’est une situation que je trouve assez compromettante quant à l’Évangile et je reviendrai sur cette notion d’ici un moment en conclusion.

Plusieurs remarques du Nouveau Testament nous permettent de voir si oui ou non il faut se réunir le samedi seulement. Le quatrième des dix commandements est le seul des dix qui n’est jamais repris dans le Nouveau Testament. Tous les autres sont repris, celui-ci ne l’est pas. L’Église primitive, quand on regarde ses habitudes dans le livre des Actes, nous permet de voir que son mode de rencontres est extrêmement varié, et c’est impossible d’en tirer une norme.

Par exemple, l’Église primitive se réunissait “tous les jours” : Actes 2.46, 5.42, 17.17. Le “premier jour de la semaine” c’est-à-dire le dimanche : Actes 20.7. Les Épîtres évoquent le principe d’une réunion fréquente, probablement hebdomadaire : “Quand vous vous réunissez en assemblée” (1 Corinthiens 11.17), un thème qui est repris lors des descriptions des dons spirituels : “Quand vous vous réunissez en assemblée”. Paul exhorte les Corinthiens à contribuer à la collecte “le premier jour de la semaine” (1 Corinthiens 16.2), ce qui implicitement évoque un culte qui a lieu le premier jour de la semaine.

Hébreux 10.25 : “N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns, mais exhortons-nous mutuellement, et cela d’autant plus que vous voyez le Jour s’approcher.”

Les Épîtres rejettent l’idée d’un jour spécifique obligatoire pour la célébration du culte, vraiment. Romains 14.5 nous dit: “Tel juge un jour supérieur à un autre ; tel autre les juge tous égaux. Que chacun soit pleinement convaincu dans sa propre pensée.”  Galates 4.10-11 dit la même chose: “Vous observez les jours, les mois, les temps et les années ! Je crains d’avoir inutilement pris de la peine pour vous.” Parce que c’était précisément le problème des Galates de rentrer dans un schéma de judaïsants, c’est-à-dire de respecter la Loi mais pas de façon intelligente, pas de façon chrétienne, biblique, en tout cas pour ceux qui se réclament de la Nouvelle Alliance.

Colossiens 2.16-17: “Ainsi donc, que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez et buvez, ou pour une question de fête, de nouvelle lune, ou de sabbats: tout cela n’est que l’ombre des choses à venir, mais la réalité est celle du Christ.”

Ce qu’il faut bien voir, c’est que dans le Nouveau Testament nous sommes dans un schéma qui est beaucoup plus souple et beaucoup plus libre, notamment sur ce genre de préoccupations. Le principe que nous trouvons dans l’Écriture, c’est que les chrétiens doivent se réunir fréquemment et partager les dons spirituels, la possibilité de faire les offrandes pour l’oeuvre de Dieu, la possibilité de s’exhorter, de chanter, de prier les uns avec les autres, et après cela va prendre une tournure très différente d’un pays à l’autre.

Dans certains pays, et notamment les pays musulmans, les chrétiens se réunissent le vendredi pour pouvoir être en phase avec leur culture et ne pas détonner trop avec les habitudes du pays.

C’est totalement légitime en Israël : c’est évident que le culte doit avoir lieu à Shabbat, c’est le jour prévu pour cela. Et dans d’autres pays, si on choisit de le faire pour de bonnes raisons le samedi, cela me semble formidable.

Le problème, c’est lorsque l’on élève ce jour comme un jour saint, dont dépend soit le salut des participants, soit l’orthodoxie de ces rencontres. Là on est sortis de l’Évangile parce que ce n’est pas en respectant un jour que l’on honore Dieu, si ça ne passe pas par la compréhension de l’Évangile dans sa gratuité, dans sa plénitude au travers du sang de Jésus-Christ. Et donc le fait de croire qu’il faille se réunir le samedi pour que Dieu soit honoré, c’est mécomprendre le sens de l’Évangile dans son impact sur les chrétiens de toutes les nations, et c’est mécomprendre le rôle de la Loi dans la vie de l’Église. C’est pour cela que c’est un danger. Que des chrétiens choisissent de se réunir le samedi s’ils le font dans une pleine liberté, une joie de le faire, sans dire que c’est le seul moyen par lequel les chrétiens authentiques se distinguent, c’est formidable. Mais s’ils le font en pensant que c’est là le seul moyen d’honorer Dieu et de refléter le salut qu’il leur accorde, ou pire, d’obtenir le salut que Dieu leur accorde, je pense qu’on est allé au-delà de l’Écriture.

Calvin dit la chose suivante avec sagesse: “Ce n’est pas sans réflexion que les anciens ont remplacé le sabbat par le jour du dimanche puisque la fin et l’accomplissement du repos figuré par l’ancien sabbat est accompli dans la résurrection de notre Seigneur. Les chrétiens sont encouragés par ce jour-là qui a mis fin aux ombres, à ne pas s’arrêter à la cérémonie qui n’était qu’une ombre.

Je ne m’arrête pas au chiffre sept pour soumettre l’Église à quelque servitude car je ne condamnerai pas les Églises qui choisiraient de s’assembler d’autres jours, si du moins il n’y a aucune superstition dans leur choix. Et il n’y en a pas quand on se soucie seulement d’entretenir la discipline et l’ordre. Ainsi seront détruits les mensonges des faux prophètes qui ont influencé autrefois les pauvres gens avec des opinions judaïsantes, en ne distinguant pas autrement le dimanche du sabbat, si ce n’est par le choix du septième jour.

Le sabbat conservé jusque-là était abrogé mais devait nécessairement être remplacé par un autre. Cela ne revenait à rien d’autre qu’à changer le jour, malgré les Juifs, et à conserver la superstition que Paul condamne: le maintien de la signification mystérieuse du jour comme sous l’Ancien Testament. Nous voyons pratiquement ce qu’a entraîné cette doctrine: ses adeptes dépassent les Juifs dans leur conception légaliste du sabbat, au point que les reproches qui se trouvent en Ésaïe leur conviendraient mieux qu’à ceux que le prophète reprenait de son temps! (Ésaïe 1 et 58.13)

Voilà donc ce que nous avons à retenir principalement de la doctrine dans son ensemble : pour que la religion ne se dégrade ou ne se refroidisse pas parmi nous, veillons à fréquenter les saintes assemblées et usons de toutes les aides capables de fortifier notre service de Dieu.” Cela se trouve dans le Livre II, chapitre 8, paragraphe 33.

Je crois que c’est une remarque sage et judicieuse de Calvin qui nous permet de comprendre que les Églises qui se réunissent le dimanche sans en faire une exigence morale, salvatrice, revendicatrice ou légaliste, ont raison de le faire. Et si une Église décide de se réunir le samedi, elle ne pèche pas.

Mais si elle en fait une obligation, c’est là le problème, ce n’est pas juste. Et si elle en fait la preuve du salut, c’est qu’on a dépassé l’Évangile et qu’on est entré dans un mouvement qui est, de cette perspective-là, un peu hérétique.