Un pasteur vous répond

Le baptême de l'Esprit est-ce une seconde expérience? (Épisode 13)

Le Saint-Esprit

Nous n’avons pas d’autorisation de votre part pour l’utilisation de services tiers (YouTube, Spotify, SoundCloud, ConvertKit, …) depuis toutpoursagloire.com. Cette autorisation est nécessaire pour une expérience complète sur notre site. Vous pouvez les accepter en appuyant sur le bouton ci-dessous

Accepter

Publié le

13 janv. 2016

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

Tu veux poser une question?

Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription:

« Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance. »

La question est posée: est-ce que le baptême de l’Esprit est une seconde expérience?

Comme nous l’avons vu dans un précédent podcast, le baptême de l’Esprit est l’expérience qui nous unit à Christ lors de notre conversion. C’est ce qui nous intègre au corps du Christ, c’est ce qui fait de nous des personnes nées de nouveau, régénérées. C’est ce qui nous donne toutes les grâces qui sont associées au salut par le moment de ce baptême de l’Esprit.

Alors, il existe une tradition dans le mouvement évangélique, dit charismatique, pentecôtiste, qui dit que le baptême de l’Esprit serait une seconde expérience à rechercher, une seconde expérience après la conversion, qui donnerait une certaine puissance pour le ministère. Parfois c’est associé à l’idée qu’avec le baptême de l’Esprit, je vais pouvoir parler en langues. Ce serait le signe de la présence du Saint-Esprit, cela fera l’objet d’un autre podcast, mais, parfois il y a une certaine – alors, je le cite sous forme de boutade – mais, il y a une certaine arrogance, arrogance est probablement trop fort comme terme; mais je me souviens d’une jeune chrétienne de notre assemblée qui était partie en mission avec des charismatiques d’une garde assez ancienne, on va dire, et lorsqu’ils sont rentrés ils discutaient de cela: elle n’avait pas le baptême du Saint-Esprit et il lui manquait des choses. Cette personne disait « bon, c’est vrai qu’on ira tous au même endroit, on est disciples de Christ, mais nous, nous prenons l’ascenseur et vous, vous prenez l’escalier ». Comme si, et là c’est peut-être plus grave, c’est comme s’il y avait une distinction fondamentale entre les rachetés de Christ et donc, ça pose un problème sur la suffisance du sacrifice de Christ quelque part. Si Jésus sauve, est-ce qu’il sauve pleinement ou à moitié un certain nombre de disciples? Est-ce qu’ils ont besoin de quelque chose de plus? Est-ce qu’il y a au sein du corps de Christ une division marquée entre ceux qui auraient une certaine puissance et d’autres qui n’en aurait pas? Cela pose un certain nombre de questions.

Alors, j’aimerais regarder cette question à la lumière de la Bible. Plusieurs arguments ont été évoqués pour soutenir l’idée d’une seconde expérience. Moi, ce que je pense, c’est qu’il y a une confusion de langage, parce qu’il n’y a pas 2 expériences avec le Saint-Esprit dans le Nouveau Testament, on a des tas d’expériences avec le Saint-Esprit. D’ailleurs, même les apôtres (et l’Église) ont été remplis de l’Esprit à plusieurs reprises. Je pense qu’il y a une confusion de langage. Le baptême de l’Esprit est l’événement qui nous unit à Christ une fois pour toute. Il y a une succession d’événements et de communions possibles avec le Saint-Esprit, d’orientations, de manifestations de l’Esprit dans la vie. Mais dire qu’il y a une seconde expérience, marquée, notamment associée au parler en langues, qui doit ou qui attend chaque chrétien, je crois que c’est une erreur. Une erreur assez importante, que l’Ecriture ne valide pas, me semble-t-il. Peut-être j’ai tort et ce sera à vous qui écoutez, de vérifier, Bible en main. Peut-être ai-je tort? Je crois néanmoins que la Bible n’enseigne pas qu’il y ait une double expérience.

Alors quels sont les arguments utilisés pour évoquer cette double expérience? La première qui est utilisée, c’est de dire, voilà, les apôtres ont reçu le Saint-Esprit en Jean 20.22, quand Jésus a dit « recevez le Saint-Esprit » et il a soufflé sur eux. Ensuite en Actes 2 ils ont été baptisés de l’Esprit. Donc, on voit bien, selon eux, dans cette expérience une double expérience. Alors, moi je suggère que lorsque Jésus souffle sur les disciples c’est un symbole. Pourquoi, parce que Jésus a lui-même précisé qu’il ne pouvait pas faire venir le Saint-Esprit avant qu’il soit monté auprès du Père, donc il y a une attente, en quelque sorte, qui empêche la venue du Saint-Esprit en Jean 20.22. D’autre part, nous voyons qu’ils étaient déjà convertis. En Jean 13, Jésus dit aux disciples « vous êtes purs, mais non pas tous ». il parlait de Judas qui bien sûr révélait ou allait révéler qu’il ne faisait pas partie des disciples de Christ. il n’avait pas d’amour pour Jésus. il ne comprenait pas qui il était, ce qu’il était venu faire. Si Jean 20.22 est une première expérience, mais en fait il y en a une antérieure: ils seraient devenus des disciples, des personnes sauvées en Jean 13 et ensuite ils auraient reçu cette présence de l’Esprit, et ensuite en Actes 2 le baptême du Saint Esprit, puis dans Actes 4, ils sont encore remplis du Saint-Esprit. Je ne crois pas que l’on puisse faire de cette situation des apôtres un exemple. Il y a un événement qui est le baptême de l’Esprit des disciples, effectivement, en Actes 2. C’est un événement historique, un peu comme la Pâques est un événement historique: Jésus est mort sur la croix une fois pour toute. En Actes 2 le Saint Esprit descend sur toute chair, une fois pour toute. C’est un événement historique.

Mais il y a un autre texte qui est invoqué, évoqué, pour soutenir l’idée d’une double bénédiction, et ça, ce texte est beaucoup plus parlant. Il se trouve dans le livre des Actes au chapitre 8, et si vous avez une Bible, je vous invite à l’ouvrir parce que c’est assez intéressant. Je vais lire les textes qui sont pertinents sur cette question. On a en Actes 8, à partir du verset 5, un homme, Philippe, qui descend dans une ville de la Samarie pour y prêcher le Christ. Qui est Philippe? Philippe fait partie des 7 personnes nommées pour seconder les apôtres à cause de l’excès de travail qui reposait sur leurs épaules. Donc il représente les apôtres, et Philippe descend prêcher le Christ dans une ville de Samarie. C’est merveilleux -parce qu’il y a hélas au début de la vie de l’Église, il y a un certain racisme de la part des chrétiens qui ont de la peine à comprendre que ce toutes les nations qui vont être bénies par la descendance d’Israël, par Jésus-Christ. – Bref, Philippe va prêcher le Christ, et là il y a un magicien qui avait beaucoup impressionné les gens de ce village ou de ces villages et quand il voit Philippe réaliser toutes ces œuvres et la sagesse qu’il manifeste, nous lisons au verset 12 « quand ils eurent cru à Philippe qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. Simon lui-même, qui était magicien de ces contrées, crut aussi, et après avoir été baptisé il ne quittait plus Philippe et voyait avec étonnement les grands signes et miracles qui se produisaient ».

Donc, nous avons là une histoire toute simple: Philippe va prêcher l’Évangile, des hommes et des femmes croient et se font baptiser. Est-ce qu’ils sont sauvés? Bien sûr qu’ils sont sauvés! Croire et se faire baptiser, c’est vraiment le langage qu’utilise Luc dans le livre des Actes pour souligner la réalité, la pertinence du salut de l’individu qui croit.

Mais, voilà ce que nous dit la suite du récit des Actes: verset 14 « quand les apôtres, qui étaient à Jérusalem, apprirent que les habitants de la Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci, descendus chez eux, prièrent pour eux afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint, car il n’était encore descendu sur aucun d’eux. Ils avaient été seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus, alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains et ils reçurent le Saint-Esprit ». Et là nous avons effectivement, en Actes 8, une double expérience. Nous avons des disciples qui se font baptiser, qui deviennent des croyants et qui n’ont pas encore reçu le baptême du Saint-Esprit. Alors, est-ce-que ça veut dire que nos bien-aimés qui sont dans des Églises qui enseignent la double expérience ont raison?

Moi je ne le crois pas et voilà pourquoi. D’abord c’est dans un livre historique que nous avons ce récit, et un livre historique n’a pas pour objectif de nous donner un enseignement absolu, mais de nous dire ce que Dieu a fait, ou ce que les hommes ont fait. Parfois Dieu continuera à faire ainsi, mais pas nécessairement. Je vous donne un exemple sur ce que les hommes font: quand l’apôtre Pierre a voulu remplacer Judas, il a donné des critères assez précis pour son remplacement, et puis il a tiré au sort entre deux personnes. Alors, j’espère que dans nos Églises on ne tire pas au sort pour nommer des anciens ou des pasteurs! Peut-être on peut le croire parfois, mais ce n’est pas mon propos ici. J’espère que personne n’est tiré au sort dans nos Églises, et que personne n’utilise Actes, chapitre 1 pour dire, vous voyez c’est comme cela qu’il faut faire. Un livre historique rapporte ce que les hommes on fait, ce que Dieu a fait, et après il faut le comprendre.

Pour en revenir à Actes 8, effectivement, il y a la conversion et le baptême de l’Esprit qui a lieu quelque temps plus tard. Toutefois pourquoi prendre le chapitre 8 comme modèle et pas le chapitre 10? Qu’est-ce que l’on trouve dans le chapitre 10? On voit l’apôtre Pierre même embarrassé d’avoir à prêcher, puisque quand il arrive auprès de Corneille et de ceux qu’il avait rassemblé et il leur demande pourquoi vous m’avez fait venir? Enfin, c’est incroyable qu’un évangéliste arrive, un apôtre arrive dans un endroit où il y ait des gens qui sont intéressés et il pose la question: mais de quoi voulez-vous qu’on parle? Bref, Pierre parle et pendant qu’il parle le Saint-Esprit descend sur Corneille et sur ses invités et ils se mettent à parler en langues et ils sont baptisés.

Pourquoi ne pas prendre Actes 10 comme modèle et non Actes 8? Pourquoi ne pas utiliser les autres récits, je crois qu’il existe une douzaine de récits de conversions dans les Actes? Pourquoi se focaliser sur Actes 8 et faire d’Actes 8 la norme, alors qu’il existerait d’autres perceptions, d’autres manières de voir cela? Alors peut-être qu’il il y a quelque chose dans Actes 8, quelque chose de très unique qu’il nous faut comprendre et qui explique cette double étape que nous avons dans la vie de ces samaritains.

La première remarque que je ferai, c’est que Pierre et Jean doivent se déplacer et ce n’est que lorsque Pierre et Jean posent leurs mains que le Saint-Esprit descend. Et je me dis pourquoi Pierre et Jean? Qu’est-ce qu’il y a de particulier dans la vie de Pierre et de Jean? Alors il y a un mandat que nous trouvons dans le livre de Matthieu, dans l’Évangile de Matthieu? Jésus dit à Pierre qu’il était mandaté pour ouvrir les portes, cette clé du Royaume. Et on se dit pourquoi est-ce-que Pierre doit se déplacer en Samarie pour imposer les mains? Peut-être parce qu’il avait l’autorité d’ouvrir les portes.

C’est quoi ouvrir une porte? Ben, imaginez: l’Ancien Testament c’est une préoccupation qui est centrée sur Israël, le Nouveau Testament c’est une préoccupation qui va d’Israël à toutes les nations. La bénédiction d’Abraham va toucher maintenant toutes les nations et effectivement nous voyons l’apôtre Pierre prêcher en Actes, chapitre 2, il ouvre la porte des juifs à l’Évangile. Et nous voyons l’apôtre Pierre en Actes chapitre 10, c’est lui qui ouvre la porte aux premiers païens qui se convertissent et pour les samaritains on a ce problème, c’est que Philippe va très vite en besogne, et heureusement on a besoin de gens qui poussent un peu les limites et les lignes. Mais c’était à l’apôtre Pierre de venir ouvrir la porte du cœur des samaritains. Dieu souhaitait que que ce soit lui qui impose les mains, que ce soit lui qui soit présent pour la venue du Saint-Esprit et ce à bon escient. Parce que, sI vous connaissez un peu le Nouveau Testament, vous savez qu’entre les juifs et les samaritains il y avait un peu d’eau dans le gaz, il y avait des tensions, une forme de racisme. En tout cas, ce n’est pas très joyeux, ce n’est pas très brillant entre eux, et je me dis que si Pierre et Jean n’étaient pas venus en Samarie, on aurait probablement eu une Église évangélique de Samarie qui aurait fleuri loin des apôtres, loin de l’autorité des apôtres, et on aurait eu une Église évangélique apostolique de Jérusalem qui aurait regardé avec mépris les chrétiens samaritains. Dans la sagesse de Dieu, il était préférable que les choses se fassent dans l’ordre. Même si des gens viennent à la connaissance de Christ, que ce soit l’apôtre Pierre, avec toute l’autorité des apôtres, qui vienne constater l’authenticité de l’oeuvre spirituelle chez les samaritains. Que les samaritains réalisent que le salut vient des juifs, comme l’enseigne Jésus dans Jean, chapitre 4. Qu’ils devaient eux aussi être édifiés sur le fondement laissé par les apôtres et les prophètes. C’est le rôle des apôtres et des prophètes (Ephésiens 2.1, Ephésiens 3.7) de donner un fondement à l’ensemble de l’Église.

Donc, je crois qu’il est compréhensible en Actes 8 que Dieu ait exceptionnellement décidé de surseoir à l’envoi du Saint-Esprit, et d’attendre la venue de l’apôtre Pierre, pour authentifier l’œuvre qui était en cours. Cela ne veut absolument pas dire que c’est comme ça que ça doit être! Quand on regarde un récit historique, on observe ce que Dieu fait, ce que les hommes font, et on a besoin des récits normatifs que peuvent être les lettres, toutes les épîtres, pour avoir une opinion plus précise sur ce qui est enseigné dans un récit historique, pour voir comment ça doit être normé, réalisé.

1 Corinthiens 12.13 que nous avons vu dans le podcast précédent, est absolument limpide à ce sujet: c’est dans un seul Esprit que nous tous, pour former un seul corps, nous avons tous été baptisés, soit juif, soit grec, soit esclave, soit libre. Nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. Donc le baptême du Saint-Esprit n’est pas une seconde expérience, postérieure à la conversion. C’est une expérience qui nous intègre au corps du Christ. Les exemples que nous trouvons dans le livre des Actes sont tout à fait compréhensibles, même s’ils sont différents dans le tempo des événements. On peut les expliquer et on reste avec la norme que nous laissent les épîtres et qui est encore souligné par Romains 8.9: « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas ».

La présence du Saint Esprit c’est vraiment l’attestation de la conversion d’un individu. C’est pour ça que l’apôtre Paul en Actes, chapitre 19, je crois, avec les disciples de Jean-Baptiste à Ephèse pose la question: « Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru? » La présence du Saint-Esprit est l’attestation de la réalité de la conversion.

Je termine en soulignant que les théologiens pentecôtistes que sont Gordon Fee, (Ivan) Satyavrata, et Wayne Grudem (qui est pentecôtiste)… ces 3 théologiens qui ont chacun écrit des ouvrages sur le ministère du Saint-Esprit, sont d’accord avec ce que je dis. Ils ne font pas du baptême une expérience différente de la conversion, mais ils soulignent avec raison, et je suis d’accord avec eux, qu’après la conversion il y a une multitude d’expériences, de communions, d’instructions qui sont liées au Saint Esprit et qui concernent tous les chrétiens. Mais il n’y a pas de différence fondamentale, radicale, essentielle, entre les disciples de Jésus-Christ: avec une catégorie d’un côté, qui serait ceux qui auraient une puissance particulière et ceux qui seraient laissés-pour-compte, avec moins de ce que Jésus-Christ à acheté pour eux lorsqu’il est mort à la croix pour ses enfants.